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On passait cette longue fin de semaine de la Fête du travail à Shefford, au ranch de Sylvain et Lise. Pour une des très rares fois cet été, que du soleil mur à mur nous attendait et on ne laissait pas passer pareille occasion. Il y avait du travail de construction à faire au ranch et il fallait en profiter pendant que la température était propice et surtout clémente.
Pour la première fois, on installait la caravane directement au ranch, en pleine nature, entouré de cinq magnifiques chevaux. On n’avait pas de services et on fonctionnait en mode autonomie. La génératrice nous fournissait l’électricité nécessaire à notre confort… On n’est plus à l’âge de pierre tout de même.
La mise à niveau fut quelque peu laborieuse puisque le relief du terrain est en pente. Quelques bonnes planches en escalier et le tour était joué. Comme on était au temps de la pleine lune, on pouvait apprécier sa brillance et s’offrir de belles soirées, autour du feu de camp.
Quelques heures après notre arrivée, déjà nous enfourchions nos montures pour une première randonnée équestre aux alentours. J’étrennais une nouvelle selle, acquise récemment en copropriété avec Lise. Sylvain m’expliquait l’art de bien seller un cheval et la randonnée s’est très bien déroulée. Michel nous accompagnait sur SnowBoy, le seul mâle du troupeau.
En soirée, nous nous sommes rendus à Saint-Théodore-d’Acton, assister à l’encan chevalin hebdomadaire. On y vend toute sorte d’équipement à chevaux et les bêtes elles-mêmes. C’est fou comme c’est couru et toute la population des alentours y assiste religieusement. Mon expérience de ces animaux étant très limitée, je visitais les enclos avec intérêt et je me surprenais à les toucher. Plus j’en apprends sur ces bêtes, plus elles me sont familières. Dire qu’il n’y a pas si longtemps, je gardais mes distances et je les approchais avec une certaine méfiance. Il faut tout de même dire que Sylvain, mon frère, est un fin connaisseur et en passionné, il me refile de bons conseils. Nous avons quitté après qu’une belle et vigoureuse jument croisée belge ait trouvé preneur pour un peu plus de 700$
Samedi matin, Louise et moi, servions le déjeuner aux crêpes, en plein air, puis j’enfilais mon costume de charpentier pour attaquer la toiture du ranch, plus précisément à son armature, avec Sylvain, Michel, Louise et Lise. Le bâtiment prenait forme sous les coups répétés des scies et des marteaux. L’aide est arrivée en milieu de matinée; Papa, Diane et Gaston se sont amenés et ont mis l’épaule à la roue pour apporter leur contribution d’huile de coude. Maman était là et observait. Le dîner s’est pris sous l’auvent de la caravane accompagné d’un beau ciel sans nuages.
Avant de quitter, en fin d’après-midi, Sylvain attelait Soleil pour un tour de charrette aux intéressés, dont maman, qui en a été quitte pour une bonne frousse… Même si la ballade s’est déroulée sans problèmes, elle préfère de loin, les ballades en auto. Pendant ce temps, Diane montait Dali pour les accompagner. Au retour, j’ai monté également la même jument et cette fois, elle n’était pas d’accord pour poursuivre. Elle refusait mes commandements et voulait constamment retourner vers l’enclos. Finalement, Sylvain est intervenu et elle s’est calmée quelque peu. C’était ma
première expérience et sans me traumatiser, j’ai conservé mon calme et j’ai terminé quand même la randonnée. Il faut dire que Dali m’en a fait sauter un bon coup, en retournant à l’écurie au trot. Sylvain l’a finalement monté pour lui montrer les bonnes manières, non sans une bonne dose de patience et de persévérance. Ça fait partie de l’apprentissage.
Dimanche matin, j’ai ouvert la porte de la caravane et les chevaux étaient là, immobiles, qui me regardaient. Je les saluais et, en guise de je ne sais quoi, Rosi et SnowBoy, m’ont laissé un beau petit cadeau, dans l’enclos derrière la caravane, quelques minutes plus tard. Je ne m’en offusquais pas. Je les aurai bien un jour dans ma manche. Ils ne savent pas que je suis patient. Même si le mercure indiquait 11°C en cette matinée ensoleillée, c’était confortable. Je rempli le réservoir d’essence de la génératrice pour le petit déjeuner.
Très tôt, on a repris le travail pour terminer l’armature du toit. Michel fut victime de son marteau et dû s’en remettre au diachylon pour couvrir son doigt endolori par quelques coups maladroits. Les planches des murs commençaient à couvrir les surfaces et on pouvait déjà avoir un bel aperçu du résultat final. Sylvain et Lise semblaient satisfaits et surtout heureux que les travaux avancent à une telle cadence. Courte pause pour le dîner aux hot-dogs et on a repris de plus belle. Le soleil était chaud et on voyait la peau rougir un peu. On continua jusqu’à 16 heures, où le moment arriva de seller les chevaux pour une autre randonnée. Cette fois, Sylvain me laissa brosser et seller Soleil puis vérifié mon travail et y apportait quelques ajustements. Nous voilà partis, avec Sylvain sur Dali et Michel sur SnowBoy.
Une belle randonnée où, à un certain moment, Soleil a tenté d’imiter Dali, comme la veille. Sur les conseils de Sylvain, j’ai usé de fermeté en tirant les guides pour lui faire prendre la bonne direction. Après quelques tentatives, la manœuvre a fonctionné jusqu’au retour. On a pu trotter et galoper
allègrement. De retour à l’écurie, je me suis chargé de nourrir Soleil et la raccompagner dans le champ. Après le souper, c’est autour du feu, qu’on a brûlé nos dernières énergies avant de rentrer pour un dodo bien mérité, dans la fraîcheur de la nuit.
Lundi au réveil, dès que j’ai mis le nez dehors, les cinq chevaux étaient encore là à me regarder; Soleil, Dali, Rosi, Becky et SnowBoy. Cette fois-ci, je les ai salué en scandant leurs noms, puis voilà qu’ils s’avancèrent vers moi d’un bon pas, pour se faire flatter. Serait-ce que je commence à faire partie de leur univers? En tous cas, c’est encourageant et assez spécial. Des bêtes de plus de 1000 livres qui s’avancent vers vous, pour vous soutirer une caresse ou une simple petite attention, j’avoue que ça me fascine. Je venais de découvrir ça à 58 ans. Comme quoi on découvre des choses à tout âge.
On a repris la construction avec, cette fois-ci, Suzanne et Pierre, respectivement belle-sœur et frère de Lise, qui ont offert à leur tour l’huile de coude. Michel était absent. On en était au revêtement extérieur fait de planches disparates par leurs largeurs, mais identiques par leurs apparences et essences. Ça donne au bâtiment, une belle rusticité qui se marie bien à sa vocation. Le travail allait bon train et Louise y a apporté également sa contribution, armée, comme moi, de nos supers gants Rona. Jusqu’à quinze heures, on a réussi à couvrir deux murs complets et presque la moitié d’un troisième.
Heureux du travail accompli, on a pris quelques photos pour la postérité, avec nos plus beaux sourires à travers nos visages barbouillés et nos fringues salies. La fin de semaine était déjà terminée. On a remballé l’équipement et on a pris un dernier souper de poulet ensemble, avec nos camarades du jour, gracieusement offert par Lise et Sylvain, à Bromont.
Alors que le soleil commençait à prendre ses couleurs du crépuscule, nous garions la caravane dans l’entrée de garage à la maison, heureux d’avoir profité au grand air, d’une des plus belles fins de semaine de l’été.