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À la maison, on se prépare à remplacer le cabanon. Il est rendu à la fin de sa vie utile et pour en disposer, il faut bien évidemment le démolir. Un entrepreneur s’occupe de cette corvée et c’est aujourd’hui que sa mise au rancart a eu lieu.
À grand coup de masse, cinq bonnes heures ont été nécessaires pour le démembrer et le compacter dans une remorque. Lorsque vint le moment de soulever le plancher, nous étions trois pour l’opération, en pleine extension maximum, on aperçoit deux moufettes qu’on venait de sortir du sommeil et de déranger.
Loin de nous l’idée de lâcher le plancher pour les écraser, leur mort instantanée aurait probablement provoqué une puanteur dont je n’ose même pas imaginer. On est resté bouche bée, sans bouger et en attendant la suite. Heureusement pour nous, leur queue n’était pas dans une position pour faire feu, si vous voyez ce que je veux dire. La première à quitter en vitesse fut la plus grosse. Elle était énorme. J’estimais son poids à près de 30 livres. C’est la première fois que j’en voyais une aussi grosse, plus grosse qu’une grosse marmotte. Elle a longé la terrasse pour passer sous la clôture et aboutir je ne sais où.
Bizarrement, la deuxième était complètement blanche avec le museau noir et elle semblait vraiment déboussolée. Elle s’est promenée entre nous, sans même nous regarder, comme si elle essayait de trouver une porte de sortie. On l’observait ! Sans lever la queue, elle est passée sous la clôture arrière, payer une petite visite au voisin. Pendant qu’on basculait définitivement la plateforme, elle est revenue pour longer le fond de cour sans se retourner, puis se faufiler sous la clôture de l’autre voisin d’à côté. Fin de l’histoire.
Ce fut le sujet de conversation entre nous pour les minutes qui ont suivi. Ce qui nous étonnait le plus était que les nombreux coups de masse n’aient pu les effrayer au point de quitter leur cachette brusquement. Est-ce que les moufettes sont sourdes, s’est-on demandé ? Nous nous sommes posés la question. On bougeait si peu, qu’on avait l’air de vrais piquets. S’il avait fallu qu’on se soit fait arroser… Je n’avais même pas une seule canne de jus de tomates en réserve, alors. Vous me voyez entrer chez Métro pour vider l’étalage de jus de tomates… Les clients n’auraient sûrement pas apprécié mon nouveau parfum.
Finalement on aura traversé cette épreuve de brillante façon. Je crois qu’on a eu la bonne réaction en pareil cas. Sans fausse modestie, je dirais qu’on a pas eu peur du tout. Surpris assurément ! C’est peut être ce qui nous a sauvé. Quoi qu’il en soit un fait demeure; Je préfère et de beaucoup, les observer de loin.