Les douze coups de minuit

Petit Louis n’était pas n’importe qui : sa maman s’appelait Cendrillon et son papa, le Prince Charmant. Il habitait dans un château avec ses nombreux frères et sœurs. Louis avait donc beaucoup de chance dans la vie. Pourtant, ce soir là, il s’ennuyait. Accoudé à sa fenêtre, il regardait tomber la neige…

– Bientôt Noël mon chéri ! dit une voix rieuse derrière lui.

Petit Louis se retourna. La bonne fée, marraine de sa maman, était dans sa chambre. Louis était son petit préféré : lorsqu’il s’embêtait, elle apparaissait toujours à point nommé pour le distraire

– Quel cadeau voudrais-tu cette année ? demanda la vieille dame en serrant Louis sur son cœur.

Les yeux du prince se mirent à scintiller :

– J’ai un rêve un peu fou… J’aimerais me transformer en père Noël pour faire moi-même la distribution des cadeaux.

La fée éclata d’un rire léger :

– Je vais t’aider à réaliser cette extravagance. C’est bien parce que tu es le fils de Cendrillon !

D’un coup de baguette magique, la fée fit apparaître une tomate, qu’elle transforma sur-le-champ en un splendide traîneau rouge à grelots. Elle demanda ensuite à Louis d’aller chercher huit libellules, car le prince en faisait un élevage dont il était très fier.

En un clin d’œil, les gracieuses créatures furent changées en rennes. Louis poussa un cri d’émerveillement. Leurs bois étaient translucides comme des ailes de libellules, leur pelage soyeux avait des reflets bleutés !

– J’ai presque fini, dit la fée. Il manque ton costume… Voilà. Ta barbe… Voilà. Et surtout n’oublions pas les cadeaux. Pourrais-tu me donner ta collection de billes ?

Abracadabra ! Les billes devinrent des paquets étincelants qui se rangèrent à l’arrière du traîneau.

– Amuse-toi bien, Louis. Évite de te tordre une cheville en glissant dans les cheminées ! Mais gare : au douzième coup de minuit…

– Je dois être rentré ! interrompit le petit père Noël en riant. Sinon, mon traîneau redeviendra une tomate.

Louis fila dans la nuit, galopa dans le ciel, visita toutes les maisons. Il s’amusait tant, qu’il ne voyait pas passer le temps ! Soudain, au bout du monde, en posant des cadeaux sous un sapin, il entendit sonner le premier coup de minuit. Il bondit vers la cheminée et remonta si vite qu’il perdit une botte ! Au deuxième coup, il sauta dans son traîneau. Les rennes démarrèrent à fond de train. Quelle course ! Au douzième coup, l’équipage était en vue du château. Louis eut juste le temps d’atterrir en catastrophe dans sa chambre. Le traîneau s’écrasa sur le parquet dans une flaque de jus rouge…

– Mmmmm ! Appétissante, la sauce tomate ! s’exclama la fée amusée. Ah, Louis, petit imprévoyant, tu es bien le fils de ta maman…

Histoire de Charlotte Grossetête
Illustration de Élisabeth Schlossberg
Source : 24 histoires magiques pour attendre Noël, Éditions Fleurus 2008

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