L’aventure au Ranch Kaymas agonise

Hier, par un après-midi maussade et gris, la nouvelle a eu l’effet d’un coup de poing sur la gueule. Notre aventure au Ranch Kaymas, avec nos réalisations et nos espoirs, prendra définitivement fin dans deux semaines. Un stupide règlement de la municipalité estrienne de Shefford en est la cause. Il est interdit de vivre dans une caravane, stationnée sur un terrain privé, à des fins récréatives. Elle peut être stationnée mais les rallonges escamotables doivent être tenues fermées et les pieds stabilisateurs rentrés.

Bordel ! Nous sommes en plein champs, à l’orée d’un bois, où on doit emprunter un chemin non pavé, pour s’y rendre. Un milieu rural où les chevaux, la chèvre et le chat sont nos compagnons. Ça dérange qui ? Aux alentours, on peut facilement apercevoir des cambuses délavées qu’on tolère, et qui servent de maisons unifamiliales, avec leurs terrains jonchés de ferrailles et de détritus qui semblent laissés à l’abandon, alors qu’une caravane, installée sur un site enchanteur et tranquille est considérée comme une nuisance. Il faudrait me l’expliquer celle-là.

Ce qui me désole au plus haut point, ce sont les trois années d’huile de coude, de sueur et de sous qu’on a mis dans la construction des bâtiments, afin de les rendre confortables et champêtres. Lise prenait un soin jaloux à aménager ses plates-bandes de fleurs et de végétaux pour embellir l’environnement. Et quelle joie de se retrouver, le soir, autour d’un puissant feu dont j’ai le secret et qui, dans cette obscurité, scintillait et nous réchauffait. Chaque saison amenait son lot d’améliorations et ce n’était pas les projets qui manquaient. On y allait au gré des dollars disponibles, lentement mais sûrement. Maintenant, il n’en restera plus que des souvenirs et quelques photos.

Lise et Sylvain n’envisagent pas de continuer seuls l’aventure. Nous partis, le cœur y est moins et je les comprends. Nous dégagions une belle complicité et c’était toujours agréable d’y séjourner avec la caravane, de faire un peu d’équitation même si on aurait voulu en faire plus. On se promettait de se reprendre une fois les travaux terminés. Ils se donnent deux semaines pour réfléchir à leur avenir dans cette région. Maintenant que Sylvain travaille régulièrement à Montréal, un déménagement leur permettrait de diminuer substantiellement leurs frais d’automobile. Les animaux pourraient facilement trouver refuge au Centre équestre quatre quenouilles et un cheval, propriété de leur fille Isabelle. Bref, la décision leur appartient et nous la comprendrons, Louise et moi.

Pour nous, c’est avec une certaine tristesse qu’on quittera le ranch, durant le congé de l’Action de Grâces. On aimait l’endroit qui nous permettait de relaxer et de s’évader du quotidien. Les nuits noires et le silence naturel des lieux vont assurément nous manquer. Si Lise et Sylvain décident de quitter, les installations resteront intactes et vides, comme pour rappeler que jadis, on s’était bâtit un petit paradis. L’actuel propriétaire en bénéficiera, selon l’entente de gré à gré. Cependant, la vie continue et il faut foncer droit devant. J’entends continuer les randonnées avec Sylvain, ailleurs et plus que jamais, ainsi que nos soupers et rencontres de couples. Puis, dès l’an prochain, nous comptons bien reprendre avec plaisir nos escapades de camping avec nos amis. Cependant, on conservera toujours une belle place dans notre cœur pour ce petit lopin de terre qu’on a aimé et façonné selon nos rêves les plus fous.

Merci, Lise et Sylvain, de nous avoir permis de savourer et de partager votre passion des chevaux quelque temps.

Un commentaire sur “L’aventure au Ranch Kaymas agonise

  1. Le ranch Kaymas est la plus belle chose qui nous soit arrivée. Ce n’est pas un lieu, c’est l’endroit où nous avons vécu de merveilleux moments dont vous faisiez partie. Notre destin nous amène ailleurs et c’est avec beaucoup de tristesse que je tourne la page. Je garde au fond du coeur de très beaux souvenirs mais la vie continue.D’autres aventures nous attendent. Il est important de vivre intensément le moment présent. Nous avons toujours nos chevaux, on se rapproche de nos familles mais notre plus grande richesse demeure votre amitié. Je vous dit merci.
    À la r’voyure…

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