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Pour faire suite à mon article d’hier, j’ai pensé vous raconter une belle histoire reliée aux dons d’organes. En feuilletant le numéro de janvier dernier de la revue AGIR, publiée par l’Association Générale des Insuffisants Rénaux, je suis tombé sur un article touchant et qui, à travers son auteure, nous fait réfléchir sur l’importance du don d’organes et sa valeur inestimable. C’est son histoire et je veux la partager avec vous, en ayant une pensée d’espoir pour Cécile qui attend une double greffe cœur-rein et une autre amie qui espère un miracle.
Mon don de rein : une grande aventure ! Par Claire Tardif.
Diagnostiqué insuffisant rénal depuis environ 7 ans et sa santé continuant de se détériorer, nous étions, mon mari Jean-Guy et moi, assis devant deux médecins spécialistes et attendions leur verdict. Après une année à passer des examens médicaux de toutes sortes, est-ce que les médecins le déclareraient éligible à une transplantation?
La réponse est positive : mon mari sera inscrit sur la liste d’attente de Québec-Transplant. Mais la liste est longue et les patients en attente de plus en plus nombreux. Mais j’étais prête. Dès l’annonce des médecins, je leur ai dit que je voulais donner un rein à mon mari.
Pour l’avoir accompagné à chaque instant dans son combat contre la maladie, j’étais bien renseignée et je comprenais les risques d’une telle intervention mais je savais aussi et c’est ce qui m’importait le plus, que les chances pour mon mari d’avoir de longues années à vivre une vie normale, étaient beaucoup plus élevées s’il recevait un rein d’un donneur vivant que d’un donneur décédé et cela, sans compter qu’il n’aurait pas à subir le stress élevé relié à l’attente du coup de téléphone de Québec-Transplant.
Je devais compléter sensiblement tous les tests subis par mon mari et je voulais le faire le plus rapidement possible pour éviter qu’il reçoive des traitements de dialyse. On nous avait expliqué que la dialyse affaiblit l’organisme et que son système serait moins fort au moment de la transplantation. Sa fonction rénale n’étant plus que de 15%, je savais que le temps nous était compté.
Commença alors mon aventure. Le premier test à réussir et aussi le plus important : savoir si mes reins étaient compatibles avec celui de mon mari qui n’en avait qu’un seul depuis sa naissance. C’est assez rare pour des gens qui ne sont pas de la même famille mais ma confiance était inébranlable et je n’ai jamais douté un seul instant.
À l’annonce que nous étions un « match parfait » je demandais déjà à quand le deuxième test et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les tests soient terminés, ce qui a pris environ 7 mois. Ma confiance et ma certitude que je pourrais lui donner un rein ne m’ont jamais quittée. Je n’ai jamais refusé un seul des rendez-vous que m’offrait celle que j’appelle encore mon « ange gardien » France, l’infirmière de la clinique de transplantation de l’Hôpital Royal Victoria et ça, grâce à mon employeur compréhensif qui m’a permis de modifier mon horaire de travail.
À chaque nouvel examen, le personnel médical que je rencontrais, au courant de la raison pour laquelle je passais ces tests, a toujours fait preuve de gentillesse, d’encouragement et d’admiration, ce qui pour moi a été une autre source de motivation et a confirmé ma détermination.
Finalement, le deuxième verdict est tombé : les médecins spécialistes étaient satisfaits de tous les résultats et autorisaient la transplantation parce qu’ils considéraient que j’étais en parfaite santé pour donner un rein.
Mon mari et moi étions au bord des larmes, conscients tous les deux de la chance que nous avions et si heureux d’entrevoir notre vie à deux pour les années à venir.
16 juin 2011 : cette date sera marquée à nos calendriers pour toujours. C’est par un matin frisquet que nous avons pris un taxi pour l’Hôpital Royal Victoria. Nous nous tenions par la main et les mots n’étaient plus nécessaires.
Je suis partie la première pour la salle d’opération après un dernier baiser et un regard confiant et chargé d’espoir de nous revoir. Au tout dernier moment avant de fermer les yeux, les paroles que j’ai entendues sont : « vous êtes très courageuse madame, tout va bien se passer ». Je me souviens avoir répondu : « Je ne suis pas courageuse mais plutôt bien égoïste. J’aime mon mari et je veux le garder longtemps ».
Au réveil, après l’intervention, l’infirmière à mon chevet m’a dit que tout s’était bien déroulé, que l’équipe de chirurgiens finissait de procéder à la transplantation et que mon mari serait là bientôt. L’infirmière avait compris l’importance pour nous de nous retrouver et de nous assurer que nous allions bien tous les deux et avait réservé l’espace à côté de moi pour que je puisse voir mon mari dès son arrivée à la salle de réveil.
Plus tard, j’ai ouvert les yeux et il arrivait. Une fois mon mari installé, cette même infirmière si compréhensive et gentille est allé lui dire qu’il n’avait qu’à tourner la tête vers sa gauche, ouvrir les yeux et que je serais là. C’est ce qu’il a fait. Même engourdis par les médicaments et la chirurgie, nous nous sommes regardés et envoyés un baiser du bout des lèvres tout en formulant un « je t’aime » silencieux. Nous savions que nous avions réussi.
Le même soir, j’ai été capable de marcher jusqu’à la chambre de mon mari et j’ai vu dès cet instant que j’avais eu raison : déjà son teint avait repris des couleurs. De jour en jour, son état a continué de s’améliorer et moi j’ai repris mes forces.
Nous avions prévenu quelques voisins que nous allions subir une chirurgie mais nous n’avions jamais prévu l’élan de solidarité et de générosité que cela engendrerait. Des petits plats cuisinés sont arrivés chez nous, les marques d’amitié se sont succédées et un de nos voisin s’est même déclaré « jardinier » pour s’occuper de la tonte de notre gazon et du ramassage des feuilles.
Donner un rein apporte aussi son lot d’amusements. Quand mon mari dit qu’il a reçu un rein mais que le deuxième n’est pas loin et me montre à côté de lui, ça suscite bien des rires et des questionnements. Tout comme lorsque des gens le complimentent sur sa santé retrouvée et que je leur dis que c’est normal puisqu’il a reçu un rein de qualité « Triple A ».
Mais maintenant, j’écris ces mots le 31 décembre alors que 2011 s’achève et que je suis tellement reconnaissante envers la vie envers ces médecins qui effectuent des miracles à chaque jour et toutes ces personnes remarquables qui ont croisé notre route et ont apporté leur contribution inestimable à notre aventure ainsi que les membres de nos familles et nos amis pour leur soutien.
Cette confiance qui m’a soutenue m’habite encore pour l’avenir qui nous attend. Nous avons rencontré encore une fois une équipe extraordinaire au département de néphrologie à l’Hôpital général du Lakeshore qui assure notre suivi et veille à notre bien-être.
Consciente de l’importance que revêt la recherche et le développement de nouvelles technologies et afin d’aider à mieux comprendre les effets à long terme du don d’un rein, j’ai accepté de faire partie de l’étude sur les donneurs vivants à l’échelle nationale et nous continuons, mon mari et moi, à parler de notre belle aventure afin que plus de gens sachent que c’est possible de bien vivre avec seulement un rein.
Pour mon mari et moi, 2010 a été l’espoir qu’il soit éligible pour une greffe. 2011 a été l’espoir que je sois compatible et puisse lui donner un rein. 2012 sera maintenant l’année où notre vie prend un nouvel envol poussée par notre amour et qui fait que plus que jamais, nous ne faisons qu’un.
Le don d’un rein, c’est une grande aventure pour un don d’amour, un don de vie!
Nous avons rencontré encore une fois une équipe extraordinaire au département de nécrologie
Nécrologie ???
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Merci Sylvain. C’est effectivement une erreur de transcription. On aurait du lire néphrologie. C’est corrigé!
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