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Loin d’en faire une habitude, il nous arrive, Louise et moi, d’aller tenter la chance au Casino de Montréal en de très rares occasions. Hier, c’en était une. Depuis que la tirelire de l’Île Notre-Dame est ouverte, soit vingt ans, je crois que c’est la sixième ou septième fois que j’y mets les pieds sans l’intention d’y laisser toutes mes économies, déjà dures à gagner. Étant donné que c’est une soirée spéciale, on décide d’investir à perte, chacun 100$ avec l’impression qu’on en reverra pas la couleur. Mais bon… On peut bien se payer un tout petit plaisir. Tout d’un coup !
Toujours est-il que nous décidons de passer par l’Asie et d’emprunter le pont Champlain jusqu’à l’ile aux trésors. Première surprise, nous sommes toujours en Asie ! Les bridés sont partout ! À voir les stationnements archi pleins, y a personne en ville, ils sont tous ici.
Arrivés à l’ère de jeu, les machines diaboliques multicolores exercent une attraction maléfique, un aimant à billets. Et moi qui pensais qu’un aimant n’attirait que le métal… À moins qu’un caméléon ne soit caché dedans et qu’il gobe la face de la reine comme une vulgaire mouche ? Alors commence la possession. On risque quelques petites coupures pour constater que la machine a décidé de ne rien donner. On fait un peu de maraudage pour finalement dénicher une machine à 2 sous. Économique ? Non ! Le truc c’est que plus on multiplie le 2 cent par des crédits, ça devient des dollars. Pas fou le diable de programmeur, plus diabolique que sa machine.
Je débute ma folie et rapidement, j’augmente mes gains au point où je mise plus de crédits; plus tu en mets, plus ça rapporte gros. Une simple logique. L’impulsivité s’empare de moi sans que je puisse réagir. Je fais le vide autour de moi et je ne vois plus personne. Je me concentre. Je suis envouté par les jeux de sons et lumières, comme absorbé. Je suis euphorique et je monte mes gains à 200$ et c’est à ce moment précis qu’on devient irrationnel. On pense «fourrer» la machine alors que c’est tout le contraire qui se produit. Les bonis se font de moins en moins importants et la machine reprend tout le fric en un rien de temps, me laissant pantois, démoli.
La maudite machine m’a littéralement diabolisé. Je m’avoue vaincu après deux bonnes heures de pitonnage sur le gros bouton qui déclenche la machine à la vitesse de l’éclair. Mes poches sont vides et je m’assoit en retrait pour me réconcilier avec mon iPhone et prendre les dernières nouvelles du repêchage de la LNH, pendant que Louise poursuit sa bataille avec une machine de la même cuvée. Elle est rusée la Madame et sage en plus, puisqu’il lui reste quelques billets verts, refusant de se faire plumer.
Je suis déçu de m’être fait avoir. Dire que j’aurais pu arrêter et me vanter d’avoir soutiré des beaux dollars à cette diabolique machine en lui faisant une grimace dont elle se souviendra. Je me suis juré de le faire la prochaine fois. En quittant le casino, nous sommes retournés en Asie, chez Tim Hortons, savourer un délicieux café et quelques Timbits, avec le pognon que Louise avait conservé. Mais on a tout de même passé une excellente soirée. En rentrant à la maison, je réfléchissais aux joueurs compulsifs qui perdent de grosses sommes, pris dans cet enfer du jeu. Ce doit être insoutenable ? Non merci pour moi. Le jeu doit rester un jeu, un divertissement contrôlé et responsable.