Réussir l’impossible

Cesser de fumerNous sommes en pleine semaine de conscientisation au tabac. C’est la 37e édition de la Semaine pour un Québec sans tabac. Ajouter à ça, les statistiques alarmantes des cas de cancer des poumons, un tueur redoutable, l’envie de vous raconter ma victoire sur l’impossible objectif de cesser de fumer, ne pouvait mieux tomber.

Par un bel après-midi de 1964, j’avais treize ans et j’étais assis au centre de la banquette avant de la voiture familiale pour une balade du dimanche, lorsque mon père m’offrit ma première cigarette; une Players plain. Je la trouvais forte, mais l’orgueil m’empêchait de m’étouffer. Dès lors, le ti-cul que j’étais devenait un « homme ». J’entrais dans le monde des grands avec la bénédiction de mon père pour griller des cigarettes. C’était bien vu à l’époque et rares étaient ceux qui ne fumaient pas. J’ai fumé pendant vingt ans !

Au début des années 80, j’ai bien essayé d’arrêter de fumer mais sans grands succès. J’ai fait plusieurs tentatives et ma meilleure performance avait tenu le coup une trentaine d’heures sans plus. Pour moi, c’était une épreuve insurmontable. On m’aurait demandé de déplacer le Mont Royal avec une cuillère à soupe, que je l’aurais fait. La volonté n’était pas là ! Je fumais déjà quotidiennement deux paquets de vingt-cinq cigarettes.

En 1984, le Gouvernement du Québec lançait une méthode pour arrêter de fumer; un livret à annoter, qui proposait de cesser de fumer en trois étapes d’une semaine chacune. Armé d’un crayon et de mon nouveau calepin, j’allais tenter l’expérience. La première semaine, il me fallait, sans modifier mes habitudes de fumeur, noter le moment où je grillais une cigarette ainsi que la raison qui me poussait à le faire. Je me souviens très bien que mes compagnons de travail s’amusaient à me taquiner, étant assurés que c’était peine perdue. Lentement, je prenais conscience de ce qui m’incitait à sortit une cigarette de mon paquet pour la consommer.

La seconde semaine, fort d’une multitude de notes noircissant le fameux calepin et toujours sans modifier mes habitudes, je devais en plus de noter le moment, inscrire comment je prévoyais remplacer cette habitude lorsque j’aurai arrêté de fumer. Trouver une activité de rechange comme boire un verre d’eau, me lever de table rapidement pour marcher, ou penser à autre chose… Des solutions quoi ! Cette étape devait créer les prémices d’une délivrance au tabac.

Finalement, la dernière semaine, je devais mettre en application mes solutions de la deuxième semaine, sans toucher à une seule cigarette. Je me souviens très bien d’avoir jeté à la poubelle le reste d’un paquet, avec le briquet. Ce fut ma célébration ! Ma victoire ! Le début de mon sevrage au tabac. Depuis ce merveilleux jour de janvier 1984, je n’ai jamais touché à une seule cigarette. Le premier mois a été terrible mais j’ai persisté en consultant sans cesse mon calepin pour me motiver. Le plus difficile était la fin d’un repas. Je me retirais de la table pour ne pas succomber.

Ça m’a pris cinq bonnes années avant que mon organisme devienne intolérant à la fumée de cigarette et aujourd’hui, je fête la trentième bougie de cette victoire que je croyais impossible à réaliser. Cet épisode constitue une des meilleures choses qui me soit arrivée et dont je suis très fier. Heureux aussi de pouvoir dire que ma conjointe ne fume pas et que mon fils, qui a aujourd’hui 35 ans, n’a jamais fumé. Réussir l’impossible, c’est tout à fait possible. Croyez-moi !

3 commentaires sur “Réussir l’impossible

  1. De notre génération, je ne connais pas beaucoup de gens qui n’ont pas fumé. J’ai arrêté souvent, mais je ne me rappelle plus les années précises comme vous. Ce fut l’argent ma principale motivation. La raison pour laquelle on arrête compte peu, l’important c’est d’y parvenir.
    Tiens, vous me donnez l’idée d’un billet. Vous m’inspirez, hihi!

    J’aime

  2. Pierrôt s’est fait ce cadeau pour ses 50 ans. Tout comme vous, il avait essayé maintes et maintes fois. Cette fois-ci, ce fut la bonne! Ça fait 6 ans et avec les ennuis de santé qu’il a présentement, s’il fallait qu’il fume, les chances de réussite de l’opération serait de beaucoup diminuées. Moi, j’étais une fumeuse sociale alors quand Pierrôt a arrêté, ça n’a pas été difficile pour moi de ne plus fumer.

    J’aime

Vous en pensez quoi ?