Un pan de notre histoire : L’époque où Montréal exhibait des humains dans ses zoos

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Saviez-vous qu’au début du XIXe siècle, il existait, à Montréal, des endroits où l’on exposait au grand public des curiosités humaines et animales ? Ces musées attiraient des milliers de touristes qui payaient pour observer ces drôles de phénomènes. On faisait de longs trajets pour voir une famille d’albinos originaire de Madagascar, une femme à deux têtes, des jumeaux siamois ainsi que des exemples rares d’animaux difformes.

Rendus populaires grâce à la renommée de certains cabinets de curiosités américains, ces lieux de démonstration d’êtres vivants arrivent au Bas-canada au début du XIXe siècle.

Le premier contact des Québécois avec cette réalité se fait au moyen d’expositions itinérantes qui s’arrêtent quelques jours en ville.

Saartjie Baartman

Le premier musée de Curiosités de Montréal ouvert au public est créé par un aubergiste d’origine italienne, Thomas Delvecchio, il y a près de 200 ans.

Le Musée Italiano avait pignon sur rue dans une auberge du Vieux-Montréal actuel. Il présente, dès 1824, une impressionnante collection de spécimens insolites qui attire une foule de curieux.

L’exposition Delvecchio a aussi pour objectif de vendre des nuitées pour l’établissement hôtelier.

ICI, ET PARTOUT EN OCCIDENT

 Sur une période de 150 ans, entre les années 1800 et après la Seconde Guerre mondiale, une véritable industrie du spectacle s’organise. Des musées et des cirques exhibent des curiosités d’êtres vivants – ou morts. Au moins 35 000 humains sont mis en scène dans ces dégradantes expositions.

En Occident, on estime que près de 1,5 milliard de personnes se sont déplacées et ont bien souvent payé pour profiter de ces exhibitions humaines.

Entre 1817 et 1847, sur la cinquantaine d’expositions présentées à Montréal, huit mettent en vedette des humains jugés différents. Les gens se déplacent en masse pour voir un homme extrêmement maigre, que l’on décrit comme le squelette vivant; un géant qui pèse plus de 600 livres; ou encore un bambin obèse d’à peine 10 mois, qui pèse plus de 90 livres.

Au milieu du XIXe siècle, toujours à Montréal, l’entreprise J. É. Guilbault présente, dans son zoo payant (le jardin Guilbault), des membres d’une famille d’albinos et des filles à la peau blanche, nées de parents à la peau noire, dans toutes sortes de mises en scène plutôt irréelles.

VENEZ VOUS SENTIR COMME UN GÉANT !

En 1926, Philippe Nicol, son épouse Rose Dufresne et leur nouveau-né élisent domicile au 961, rue Rachel Est. Ces personnes de petite taille créent une maison à leur échelle et lui donne le nom de Palais des nains. Le couple invite les curieux à regarder vivre la famille pour 10 sous.

Les visiteurs sont alors invités à entrer dans l’appartement pour les voir évoluer dans leur quotidien, effectuer leurs tâches ménagères ou bien tout simplement les regarder lire les journaux. La maison richement décorée, digne des plus beaux manoirs du Golden Square Mile, est aménagée comme un véritable musée de la Miniature.

Tout est sur mesure pour une petite personne. Même l’horloge grand-père du logement est de petite taille, L’appartement miniature sera accessible au public jusqu’en 1992.

FEMME À BARBE ET HOMME À TROIS JAMBES

Cet attrait pour les humains différents se matérialise souvent dans les parcs d’attractions. Entre 1923 et 1983, à Montréal, dans Cartierville, le parc Belmont présente quotidiennement des phénomènes. Le nain, la femme à barbe, l’homme le plus grand du monde, l’avaleur de sabre. La grosse femme au rire tonitruant ou la femme gorille vont attirer les foules pendant 60 ans dans le nord de l’île.

Le racisme scientifique présenté dans des musées, les exhibitions humaines, les monstres vivants des cirques, les spectacles de « sauvages » et les êtres exotiques présentés comme des bêtes de foire ont réellement fait partie de notre histoire occidentale. Le Québec n’a malheureusement pas échappé à cette dégradante mascarade.

SAARTJIE BAARTMAN

Un des exemples emblématiques de cette dégradante curiosité est le cas de la « Vénus hottentote », de son vrai nom Saartjie Baartman. Elle est offerte en exposition entre autres en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en France, où les visiteurs peuvent l’observer pour quelques sous.

Elle suscite la fascination chez les gens par la forme de son visage et surtout de ses fesses beaucoup plus imposantes que celles de l’Européen moyen.

Saartjie Baartman meurt après quelques années de surexploitation dans des conditions médiocres en 1815. Comme si on ne l’a pas assez exhibée, on fait faire un moulage en plâtre de son cadavre. Au nom de la science, son corps est disséqué. Son cerveau, ses organes génitaux et son anus sont conservés dans le formol. Certains essayeront d’établir, à partir de ces organes, des pseudo thèses sur l’infériorité de certaines races.

Source : Martin Landry, historien, Journal de Montréal, 8 juillet 2023, cahier Weekend, p66


192e jour de l’année

Mercredi, 12 juillet 2023

On jase là…

Advenant que les autorités, par suite d’un désastre, aient à décréter l’état d’urgence et à disposer de corps temporairement dans un endroit de fortune, je propose de les déposer dans un restaurant McDonalds… On gèle dans ces établissements.


Pensée et citation du jour

Ne craignez pas de faire un grand pas lorsqu’il le faut. On ne peut traverser un abîme en deux petits sauts.

David Lloyd George


Ça s’est passé un 12 juillet…

(1940) L’annonce de la mobilisation des hommes célibataires, le 15 juillet, entraîne une véritable course au mariage un peu partout au Québec. À ce moment, les Québécois, particulièrement les francophones, craignent que cette mobilisation ne soit qu’une étape en vue de la conscription. Pour accélérer le rythme des bénédictions nuptiales, les paroisses organisent des mariages en groupes. Une de ces cérémonies aura lieu au parc Jarry, à Montréal. Elle réunira plusieurs centaines de couples qui tentent de contourner la Loi sur l’enrôlement obligatoire des jeunes hommes célibataires.

(1977) Le projet de loi 101 sur la charte de la langue française est adopté en première lecture à l’Assemblée nationale; une soixantaine d’amendements ont été apportée à l’ancien projet de loi 1 visant à faire du Québec une province essentiellement française.

(2003) Un chalet à la mémoire de Michel Trudeau, mort dans une avalanche, est inauguré aux abords du Lac Kaslo, dans le parc provincial du glacier Kokanee, en Colombie-Britannique, en présence de Sacha Trudeau et de sa mère Margaret; le corps du fils de feu Pierre Elliott Trudeau se trouve toujours quelque part au fond du lac où il a été projeté à la suite d’une avalanche survenue lors d’une expédition dans les monts Selkirk en 1998.


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