Un pan de notre histoire : Montréal, grande ville gaie dans le monde depuis 1869

La Une

C’est ici que se trouvait le premier établissement homosexuel connu en Amérique du Nord. Saviez-vous qu’à l’époque de la Nouvelle-France, tout mâle en âge légal de se marier devait se trouver une épouse dans les quinze jours suivant l’arrivée des bateaux transportant les filles du Roy ? On avait si peur de toute forme de débauche que certains boisés étaient même interdits aux célibataires.

En 1648, le premier homme inculpé (un militaire) d’un crime « contre nature » est formellement accusé d’avoir commis le pire des crimes et est condamné à mort. Il évitera toutefois sa sentence en acceptant de devenir le premier bourreau de la colonie.

APPLES AND CAKE SHOP

Ce n’est pas d’hier que l’homosexualité est condamnée et réprimée au Québec. Nous le savons et le constatons bien souvent grâce aux documents juridiques. Par exemple, en 1869, le commerçant Moïse Tellier est arrêté par les autorités canadiennes.

La pièce à l’arrière de sa boutique Apples and Cake Shop, rue Craig, aujourd’hui rue Saint-Antoine, tout près du boulevard Saint-Laurent, servait à des relations sexuelles entre hommes.

Un crime extrêmement grave en ce milieu du XIXe siècle, un comportement répréhensible rivalisant avec ceux de Sodome et Gomorrhe, pouvait-on lire dans un journal de l’époque. Par cette intervention, le premier établissement officiellement connu du continent nord-américain venait d’être fermé.

Il faut noter que la culture gaie connue, qui prend progressivement forme à Montréal ç cette époque, est d’abord masculine. Une loi promulguée en 1892 rend illégale la « grossière indécence » entre hommes, ce qui comprend tout geste indiquant une attirance envers le même sexe, y compris les simples contacts, la danse et les baisers.

En 1953, on étend cette loi aux femmes. Les relations homosexuelles sont donc criminalisées et surtout passibles de peine d’emprisonnement de cinq ans au Canada.

Malgré la sévérité de la loi et la répression policière, dans les grandes villes du Québec comme à Montréal, on constate qu’un nombre de plus en plus important d’hommes défient les risques d’arrestation.

LES CHOSES CHANGENT TRANQUILLEMENT

À la fin de l’été 1959, des centaines d’hommes homosexuels sortent de l’ombre pour festoyer et danser au Downbeat Club, rue Peel. Ils se réunissent pour souligner le 24e anniversaire de la célèbre drag-queen La Monroe. Il fallait oser, parce qu’on était encore à une époque où l’homosexualité était taboue partout en Amérique du Nord.

Beaucoup considéraient les homosexuels comme des malades mentaux. Vous savez, dans les années 1960, il était aussi formellement interdit de servir de l’alcool aux gens suspectés d’homosexualité.

La communauté gaie s’affiche un peu plus librement dans les années 1970 dans certains secteurs de la ville, mais les espaces de rassemblement homosexuel restent semi-clandestins et plutôt fragiles. En 1973, la légendaire discothèque de la rue Stanley, le Lime-Light, ouvre à Montréal et contribue à l’émancipation de la communauté. Le maître du disco de la ville, le DJ Robert Ouimet, attire les foules sur la piste de danse.

Le magazine Rolling Stone va même l’élire le meilleur DJ nord-américain.

RÉPRESSION ET RÉACTION

À l’automne de 1977, la police montréalaise organise une descente aux bars gais le Truxx et Mystique, rue Stanley. Dans une violence qui serait inacceptable dans la société québécoise d’aujourd’hui, une bonne cinquantaine de policiers lourdement armés de mitraillettes bousculent les clients, les terrorisent et procèdent à l’arrestation de plus de 200 hommes.

On accuse 143 d’entre eux de se trouver dans une maison de débauche et de grossière indécence.

Cette rafle policière demeure la plus importante depuis les événements de la crise d’Octobre en 1970.

Trop, c’est trop ! Longtemps réprimée, la communauté homosexuelle se mobilise spontanément.

Moins de 24 heures après l’intervention des forces de l’ordre, plus de 2000 hommes manifestent contre le zèle, la violence et l’acharnement policiers. La pression est telle que le l’Assemblée nationale du Québec, alors dirigée par le Parti Québécois de René Lévesque, modifie la Charte des droits et libertés de la province pour empêcher la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle des Québécois.

Les policiers poursuivront quand même leurs visites surprises et leurs arrestations dans les établissements gais, puisque nous vivons dans une fédération et que le droit criminel est un champ de juridiction qui ne relève pas des provinces.

UN PREMIER DÉFILÉ GAI À MONTRÉAL

La Brigade rose fondée par le militant montréalais John Banks met sur pied le premier défilé de la Fierté à Montréal le 23 juin 1979. L’événement n’a pas de financement et bénéficie d’un minimum d’organisation. Le point de rendez-vous pour le départ est donné au carré Saint-Louis. La marche festive et colorée des 52 participants qui se termine au parc Lafontaine suscite la surprise des Montréalais.

Puis, presque chaque été entre 1980 et 1991, le défilé anime les rues de la métropole.

En 1991, Robert Vézina crée le célèbre Black & Blue. Le party attire les foules et devient rapidement un événement phare de la communauté LGBTQ+ et du grand public qui aime danser et faire la fête.

Deux ans plus tard, le premier véritable organisme montréalais de la Fierté est mis sur pied à Montréal par Suzanne Girard et Puelo Deir. Divers/Cité réussit à attirer 5000 personnes à son premier défilé. On sent alors que Montréal s’affirme comme une des grandes villes gaies dans le monde.

FIERTÉ MONTRÉAL

En 2007, Fierté Montréal remplace le défilé de Divers/Cité. L’événement est alors considéré comme la plus grande célébration de la Fierté dans le monde francophone.

En 2017, Fierté Canada attire 2,7 millions de visiteurs. Les mentalités évoluent et les comportements d’inclusion et d’acceptation des différences se manifestent indéniablement.

Le 16 mai 2019, les députés de l’Assemblée nationale du Québec reconnaissent officiellement le statut particulier du Village LGBTQ+ de Montréal comme le plus grand quartier LGBTQ+ en Amérique du Nord, après celui de San Francisco, ainsi que lieu de refuge et d’émancipation.

Cette année, le Défilé de la Fierté s’est tenu dimanche dernier à Montréal pour célébrer les droits des communautés 2SLGBTQIA+.

Source : Martin Landry, historien, Le Journal de Montréal, cahier Weekend, 12 août 2023, p72


227e jour de l’année

On célèbre aujourd’hui…

LA FÊTE NATIONALE DE L’ACADIE

LES FÊTES NATIONALES DES RÉPUBLIQUES DU CONGO ET DE LA CORÉE DU SUD


À la douce mémoire de…

Albert Millaire 1935-2018 – Comédien et acteur québécois.


Une année de plus sur le chemin de la vie pour…

Carole Gagné


Pensée et citation du jour…

Mieux vaut agir, quitte à s’en repentir, que de se repentir de n’avoir rien fait.

Boccage


Ça s’est passé un 15 août…

(1884) Adoption du drapeau acadien. Le drapeau de l’Acadie, aussi appelé le drapeau acadien ou le tricolore étoilé, est le drapeau national de l’Acadie. Il est composé de trois bandes verticales: bleue à gauche, blanche au centre et rouge à droite; une étoile jaune est située dans le canton (en haut de la bande bleue). Il a été adopté le 15 août 1884 à Miscouche, à l’Île-du-Prince-Édouard (Canada) et utilisé pour la première fois le lendemain.

(1969) Le Festival de Woodstock (Woodstock Music and Art Festival) est un concert de musique rock, organisé du 15 au 17 août 1969, à Bethel aux États-Unis, près de Woodstock (État de New York). Ce festival, prévu pour 50 000 spectateurs et qui en accueillit plus de 450 000 pour célébrer l’amour, la paix, la musique.

Les plus grandes stars du rock se succèdent sur la scène : Joan Baez, Joe Cocker, Janis Joplin, Santana, The Who… et Jimi Hendrix qui y interprétera l’hymne américain, « Star Splangled Banner » en évoquant les bombes qui tombent alors sur le Vietnam… Cette célébration constitue le paroxysme de la culture hippie des années 60.

(2008) Céline Dion renoue avec son public québécois après huit ans d’absence en donnant le premier d’une série de neuf concerts de la tournée Taking Chances prévus au Centre Bell jusqu’en février 2009. Quelque 22 000 spectateurs sont venus acclamer la chanteuse, y compris plusieurs artistes et personnalités politiques. La prestation de Véronic DiCaire en première partie de la soirée a été très appréciée du public.


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