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La Une
« Coupable ! », tranche le jury du procès de Marie-Anne Houde, le 22 avril 1920 après une délibération de 15 minutes.

Le juge L.P. Pelletier prononce le verdict : « Le premier octobre prochain, à huit heures du matin […], vous serez pendue par le cou jusqu’à ce que mort s’ensuive. »
La belle-mère d’Aurore Gagnon est bel et bien responsable de la mort de l’enfant de 10 ans de Fortierville des suites de mauvais traitements.
Dans le box des accusés, la femme de 30 ans crie et pleure bruyamment en s’affaissant sur son siège.
Ainsi s’achève le procès le plus retentissant du 20e siècle au Canada français. Marie-Anne Houde verra sa peine commuée en prison à vie, tout comme son conjoint, Télesphore Gagnon, le père d’Aurore, qui a fermé les yeux sur les actes de cruauté qui se déroulaient sous son toit.
CAUSE CÉLÈBRE
Des romans et plusieurs longs métrages recréeront ce drame familial qui s’est déroulé dans la région de Bécancour, au sud de Trois-Rivières.
« L’affaire Aurore Gagnon fera beaucoup de bruit à l’époque enraison de la gravité des gestes posés par la mère adoptive d’Aurore, qu’on surnommait l’Enfant martyre », mentionne l’historien Simon Dubé, adjoint exécutif du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec.
Quand s’ouvre le procès, le laboratoire de médecine légale existe depuis six ans seulement. Fondée par le médecin légiste Wilfrid Delorme, cette unité relevant du ministère de la Justice veut apporter une expertise scientifique aux enquêtes sur les morts violentes ou suspectes, qui restent trop souvent irrésolues.
« QU’ELLE CRÈVE »
Retrouvée sans vie le 12 février 1920, la petite Aurore fera l’objet d’une autopsie qui révélera 54 blessures.
On note les marques de coups portés et des infections dues à des blessures mal soignées.
La seconde femme de Télesphore Gagnon a littéralement martyrisé la petite fille, lui brûlant les pieds avec un tisonnier rougi ou les mains avec un fer à repasser.
Parmi les pièces à conviction saisies dans la maison de Fortierville figurent une matraque et une garcette, une boule en plomb au bout d’un lacet en cuir.
Trois jours avant le décès d’Aurore, une voisine s’était inquiétée de l’état de santé de l’enfant et avait voulu alerter sa belle-mère.
« Qu’elle crève et je ne verserai pas une larme ! » avait répondu la marâtre, en disant qu’elle ne ferait pas venir le médecin. À cette époque, les patients payaient de leur poche les frais médicaux.
PLAIDER LA FOLIE
Au procès qui s’est déroulé au palais de justice de Montréal dans les semaines suivantes, l’avocat de l’accusée a tenté de faire valoir la folie pour disculper sa cliente. Cat l’article 19 du Code criminel mentionne qu’une personne ne peut être tenue responsable d’un acte si elle n’a pas sa raison.
Appelé comme expert, le Dr William Derome a affirmé que Mme Houde était bel et bien apte à subir son procès. À son avis, elle « connaissait la portée de ses actes » et peut donc en être tenue responsable.
Sur les causes de sa cruauté, le mystère demeure entier un siècle plus tard.
C’est le 18 mars 1920 que la cour de police dépose des accusations de meurtre contre Marie-Anne Houde et son mari, Télesphore Gagnon.
Le 21 avril suivant, Houde est reconnue coupable de meurtre et condamnée à mort, alors que Gagnon est coupable d’homicide involontaire et est condamné à la prison à vie.
Mais à quelques jours de sa pendaison, Marie-Anne Houde apprend qu’elle aura la vie sauve en raison d’une « campagne réformiste en faveur de l’abolition de la peine capitale », selon la Sûreté du Québec.
Puis, 15 ans après les faits, le 3 juillet 1935, Marie-Anne Houde est libérée de prison. Elle souffre vraisemblablement d’un cancer. Elle décède le 12 mai 1936.
Quant à Télesphore Gagnon, il est libéré pour bonne conduite en 1925. Il décède le 30 août 1961 à l’âge de 78 ans.
LE MÉDECIN QUI INSPIRA LE FBI
Pour la SQ, cette cause est « devenue le point tournant dans l’évolution de la justice pour les enfants au Québec ».
C’est le 26 juin 1914 que le Dr Wilfrid Derome (1877-1931) inaugure son Laboratoire de recherches médicolégales, rue Craig, à Montréal.
Le médecin légiste et expert en balistique dote ainsi le Québec d’un centre d’analyse scientifique d’avant-garde – le premier en Amérique et le troisième dans le monde après Lyon et Paris –, qui demeure un siècle plus tard un modèle du genre.
Lorsque le FBI américain voudra ouvrir son laboratoire de science judiciaire, c’est celui de Montréal qui lui servira de modèle.
Aujourd’hui situé rue Parthenais dans l’immeuble Wilfrid-Derome, le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec a autopsié le cadavre de Pierre Laporte, exécuté par le FLQ en 1970, les victimes du massacre de l’Ordre du Temple solaire en 1994 et le corps démembré de Jun Lin en 2012.
On y a aussi examiné les victimes de catastrophes ferroviaires, comme celle qui a décimé Lac-Mégantic en 2013, ou d’incendies. Comme celui de L’Isle-Verte en 2014.
Ce n’est pas au Dr Derome que l’on confiera l’autopsie de la petite Aurore, mais plutôt à son collègue, le Dr Alfred Marois. Toutefois, il aura un rôle à jouer dans le procès en menant une analyse toxicologique avant-gardiste.
« La belle-mère était soupçonnée d’avoir empoisonné l’enfant. Pour le démontrer, il fallait travailler avec un chimiste, et c’est le Dr Derome qui a mené cette analyse. Comme les conclusions n’étaient pas claires, elles n’ont pas servi au procès », relate Simon Dubé.
PERCÉES SCIENTIFIQUES
L’affaire aura tout de même permis de lancer le laboratoire sur la place publique tout en donnant une orientation scientifique qui allait se développer au cours des années suivantes.
Surnommé « le cerveau pensant de la police », selon son biographe Jacques Côté (Boréal, 2003), le Dr Derome enseigne la médecine légale et la toxicologie à l’Université de Montréal et dirige un laboratoire à l’Hôpital Notre-Dame.
Son équipe fera plusieurs percées scientifiques, notamment une technique de dosage d’alcool dans le sang et en odontologie judiciaire.
Source : Mathieu-Robert Sauvé, le Journal de Montréal, cahier Weekend, 18 novembre 2023, p74
325e jour de l’année
Mardi, 21 novembre 2023
On célèbre aujourd’hui…
LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA TÉLÉVISION

En souvenir de…
ANDRÉ OUELLET 1934-2022 – Sergent retraité de la police de Longueuil.
ANDRÉE LACHAPELLE 1931-2019 – Comédienne et actrice québécoise.

Une année de plus sur le chemin de la vie pour…
Jasmine Mailloux – Jean Laforce – Pierre Courval
Bon anniversaire !
On jase là…
Belle victoire que celle des Alouettes de Montréal qui ont mis la main sur leur 8e coupe Grey, dimanche dernier contre les Blue Bombers de Winnipeg à Hamilton. À souligner, l’intervention du Québécois Marc-Antoine Dequoy qui ne s’est pas gêné de dénoncer l’absence totale du français dans l’affichage lors de ce match ultime. Félicitations à nos oiseaux !
Décompte…

NOËL : 34 NOUVEL AN : 41
Pensée et citation du jour…
Le meilleur moyen de rendre les autres meilleurs, c’est de le devenir soi-même.
Jules Beaulac
Ça s’est passé un 21 novembre…
(1899) La première automobile fait son apparition dans les rues de Montréal. La Henry Seth Taylor fut la PREMIÈRE automobile fabriquée au Québec en 1867 ! Elle est originaire des Cantons de l’Est à Stanstead près de Sherbrooke. Cette voiture existe toujours et est entreposée au Musée des Sciences et de la Technologie à Ottawa. Le VAQ tente désespérément de rapatrier au Québec, cette pièce UNIQUE de notre patrimoine à quatre roues !
(1968) Le Gouvernement du Québec propose la suppression du sénat provincial et la transformation de l’Assemblée législative en Assemblée nationale. En 1968, le gouvernement Jean-Jacques Bertrand fit modifier la Loi sur la Législature. Ainsi, il abolissait le Conseil législatif, instituant du même coup un Parlement d’une seule Chambre qui fut nommée Assemblée nationale.
(1992) Institution culturelle de renommée internationale, le Capitole de Québec a revu le jour en 1992. Situé à l’entrée du Vieux-Québec, l’édifice de la rue Saint-Jean a regagné la place qui l’avait rendu célèbre au cours de ses 80 années d’activités. La complète rénovation du théâtre s’est composée d’une salle de spectacles, d’un restaurant, d’un hôtel et des services communs.
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