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La Une
Une trentaine d’années après la prise de contrôle britannique de nos institutions, les habitants de la vallée du Saint-Laurent apprennent qu’ils seront bientôt invités à élire des députés pour les représenter dans la toute nouvelle Assemblée législative du parlement du Bas-Canada. Une première dans notre histoire à nous au Québec.

Le lendemain de Noël en 1791, le lieutenant-gouverneur de la province de Québec, Alured Clarke, jette les bases de ce nouveau système parlementaire. L’Acte constitutionnel accorde la qualité d’électeur aux citoyens britanniques de naissance ou d’adoption de 21 ans ou plus, mais seulement s’ils sont propriétaires d’une habitation.
Dans son libellé, le législateur n’établit pas de différence de genre, ainsi le droit de vote est accordé aux personnes qui répondent aux exigences, ce qui permet à plusieurs femmes de s’en prévaloir. En fait, elles sont possiblement les seules dans l’Empire britannique à avoir le droit de vote en cette fin de siècle. Droit qui leur sera retiré en 1849, sous le gouvernement LaFontaine-Baldwin.
Ce scrutin est accueilli avec enthousiasme, même si les Canadiens français, qui forment l’immense majorité de la population, ne connaissent pas grand-chose du parlementarisme britannique.
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
La campagne électorale est lancée au printemps de 1792. L’organisation du vote dans chaque comté (circonscription) est placée sous l’autorité d’un officier-rapporteur.
Chaque candidat tente de gagner les faveurs des électeurs comme il peut. Certains visitent les tavernes pour faire entendre leurs idées, d’autres confectionnent des affiches, distribuent des tracts ou font parler d’eux dans les journaux.
On constate aussi toutes sortes de méthodes pour gagner des votes, comme l’intimidation, des offres d’emploi ou des cadeaux comme un bon repas de jambon ou une pinte de bière.
LE SCRUTIN
En ce temps-là, le bureau de vote était bien rudimentaire, la plupart du temps c’était une plateforme en bois. Il n’y avait qu’un seul bureau de vote par comté, ce qui obligeait parfois des citoyens à parcourir des distances déraisonnables.
Ni liste électorale ni bulletin de vote n’étaient prévus. L’officier rapporteur recevait alors les électeurs l’un après l’autre. Ces derniers, après avoir déclaré leur nom, leur profession et le lieu où se trouvaient leurs biens, devaient tout simplement dire pour qui ils votaient.
Un vote exprimé à haute voix, souvent en présence des candidats et de ses partisans. En fait, il faut attendre 1875 pour que le vote secret soit instauré au Québec.
Lors de cette première campagne électorale de notre histoire, 50 députés devaient être élus dans 21 comtés. Dans certains comtés, deux ou plusieurs sièges de député étaient en jeu. L’électeur pouvait donc, dans certains cas, faire plusieurs choix.
À cette époque, l’élection dans une circonscription pouvait s’échelonner sur plusieurs journées, mais si personne ne se présentait pendant 60 minutes au bureau de scrutin et que trois électeurs demandaient sa fermeture, l’officier avait le pouvoir d’arrêter le vote et de proclamer à haute voix le ou les gagnants.
On sait que certains partisans ratoureux, voyant que leur candidat avait de l’avance dans les votes, envoyaient des fiers à bras pour bloquer l’accès au lieu de vote pendant au moins une heure pour faire gagner leur favori. Il arrivait ainsi qu’un officier laissât voter des gens qui n’avaient pas le droit de voter, pour appuyer un candidat en particulier. Ce système permettait à un candidat défait dans une circonscription de retenter sa chance dans une autre.
Règle générale, la première élection dans la Province de Québec s’est bien déroulée. À l’exception peut-être de Charlesbourg, où le vote a dégénéré en foire d’empoigne.
UN DÉBUT DE DÉMOCRATIE
Le 10 juillet 1792, le long processus de vote est finalement complété et les noms des gagnants sont publiés. Les députés élus sont convoqués au Parlement pour la première fois le 17 décembre 1792. Ils prêtent serment et se réunissent pour poser les premiers jalons de notre démocratie, dans la chapelle du palais épiscopal à Québec.
Pouvez-vous croire qu’à cette époque-là, nos élus ne reçoivent ni salaire ni allocation ? Ils doivent payer eux-mêmes les frais de leur logement et leur transport. À ce moment, le déplacement Montréal-Québec prenait deux jours, les députés devaient obligatoirement prévoir une nuit à l’hôtel à Trois-Rivières.

Certains viennent de très loin pour siéger plusieurs mois par année à Québec. Imaginez le député de la Gaspésie qui doit voyager plus d’une semaine en bateau pour rejoindre Québec. Nos représentants du peuple devront attendre 1833 pour obtenir une petite allocation.
Cette première élection est importante dans l’histoire, mais elle n’a pas vraiment installé une vraie vie démocratique au Québec. Jusqu’en 1848, le véritable pouvoir restera entre les mains des ministres qui, eux, n’étaient presque jamais des députés élus.
Au fil du temps, les frustrations liées à ce système parlementaire et à son processus électoral vont conduire à la révolte patriote de 1837-38.
Source : Martin Landry, historien, Journal de Montréal, cahier Weekend, 2 mars 2024, p70.
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