Un pan de notre histoire : Le parc de la « Montagne-Tremblante ». Le tout premier parc national du Québec

Histoire

Les parcs nationaux du Québec sont des trésors naturels qui permettent de préserver et de découvrir notre biodiversité.

Leur histoire remonte à la fin du XIXe siècle, lorsqu’est devenue un peu plus évidente l’importance de la conservation de la biodiversité. Le premier parc national au Québec, celui de la « Montagne-Tremblante », a été créé le 12 janvier 1895.

PLUS VIEUX PARC DU QUÉBEC

Vers la fin du XIXe siècle, l’industrie du bois se développe à la vitesse grand V au Québec. La multiplication des tronçons ferroviaires favorise la création de nouvelles zones de colonisation partout où le train s’arrête. C’est dans ce contexte qu’on voit apparaître dans les années 1880 de nombreux chantiers forestiers, le long de la rivière du Diable par exemple.

L’effervescence de l’industrie est si forte qu’en 1895, presque toutes les terres autour du lac Tremblant sont exploitées ou concédées.

C’est aussi l’époque où des études sur la tuberculose, entre autres celle du docteur Camille Laviolette, concluent que la maladie pulmonaire pouvait être guérie par le grand air et les séjours en nature à la montagne.

C’est dans ce contexte que, dès 1893, notre médecin québécois entreprend des démarches pour la construction d’un sanatorium. Il envisage trois endroits, le mont Orford, le mont Saint-Hilaire et la montagne Tremblante.

En 1894, son choix s’arrête sur la célèbre montagne Tremblante. L’environnement offre les conditions idéales pour guérir les malades affligés par la tuberculose.

L’année suivante, projet appuyé par le gouvernement de Louis-Olivier Taillon, on crée le parc de la Montagne-Tremblante, mais malheureusement pour les malades, le sanatorium imaginé par le docteur Laviolette ne sera jamais construit.

Au début de janvier 1895, le projet de loi établissant le parc de la Montagne-Tremblante est adopté. La réalisation de notre premier parc s’inscrit dans l’intérêt mondial de créer des aires protégées, comme celles des parcs de Yellostone, Yosemite et Sequoia.

L’État posait ainsi les premiers jalons pour ensuite former le réseau des parcs nationaux. Parallèlement, on commence à délimiter des réserves fauniques sur le territoire du Québec, comme celle du parc des Laurentides.

À l’époque, le parc de la Montagne-Tremblante était beaucoup plus petit qu’aujourd’hui, il s’étendait sur une superficie de 60 km2, entre la rivière du Diable et le lac Tremblant. Trente ans plus tard, le territoire du parc passe de 60 à 3108 km2, au même moment où les grandes entreprises forestières avalent chaque jour des milliers d’hectares de forêts pour répondre au besoin de l’industrie.

Il faut donc retenir que le parc est au départ une réserve forestière spéciale de L’État. Les compagnies forestières peuvent donc poursuivre leurs coupes, et les clubs privés de chasse et de pêche continuent à accueillir une poignée de privilégiés.

Notre premier parc est pendant longtemps associé à l’industrie forestière, qui encourage la colonisation de la région et la naissance de villages. Ces villages, à leur tour, favorisent la création de lieux de villégiature et de plein air.

Au fil du temps, la nature exceptionnelle du lieu éveille les consciences et amène les Québécois à comprendre l’importance de la préservation à long terme du patrimoine naturel de la montagne Tremblante, mais aussi d’autres coins de nature de la Belle Province.

C’est dans ce contexte que des groupes de pression vont se mobiliser pour demander au gouvernement de légiférer pour que la nature du parc du Mont-Tremblant soit mieux protégée. Le parc devient public en 1939 quand on autorise l’aménagement des pistes de ski sur le mont Tremblant.

Vers la fin des années 1940, on met sur pied la Station biologique du Lac-Monroe pour que des scientifiques puissent y étudier la nature. Puis, à la fin des années 1950, à la suite de pressions, entre autres de celles de scientifiques qui s’intéressent à la biodiversité du lieu, l’ensemble du parc ouvre au public.

Dans les années 1960, même si les compagnies forestières et les clubs privés conservent leurs droits, le parc aménage ses espaces pour répondre à la demande des amoureux du plein air. Les Québécois utilisent de plus en plus leur nouveau réseau routier pour venir y respirer l’air frais, pique-niquer ou pêcher en famille. On multiplie aussi les aménagements pour camper.

Il faudra attendre 1977 pour que le gouvernement péquiste de René Lévesque vote la Loi sur les parcs. À partir de ce moment-là, il sera interdit de chasser et d’exploiter les ressources dans nos parcs du Québec.

Ces anciens domaines privés sont récupérés et aménagés. On y vient en été pour le camping, le canot, pour marcher dans les sentiers et l’hiver, pour y faire du ski de randonnée.

ESSOR DANS LES ANNÉES 1970

C’est donc véritablement dans les années 1970 que le réseau des parcs nationaux du Québec connaît son essor. En 1977, la création de la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) permet de structurer et de gérer efficacement les parcs nationaux.

Cette période a vu la création de nombreux parcs, chacun visant à protéger des écosystèmes spécifiques et à offrir des occasions de découverte et de loisirs en nature.

Les parcs nationaux du Québec ont toujours eu une double mission, soit la conservation des milieux naturels et l’éducation du public. Chaque parc de la Sépaq est unique, représentant des écosystèmes variés allant des forêts boréales aux montagnes, en passant par des lacs et des rivières spectaculaires.

Par exemple, le parc national de la Gaspésie, créé en 1937, protège des montagnes impressionnantes et une faune diversifiée y compris le caribou des bois. Le parc national de Miguasha, en Gaspésie, se trouve, lui, sur la liste de l’UNESCO.

PATRIMOINE IMPORTANT À PRÉSERVER

Les parcs nationaux du Québec représentent bien plus que de simples destinations touristiques. Ils sont des lieux de refuge pour la biodiversité, des laboratoires vivants pour les scientifiques et des espaces de ressourcement pour les visiteurs.

La préservation de ces espaces est essentielle pour maintenir la richesse naturelle du Québec et pour permettre aux générations futures de continuer à en bénéficier.

En visitant les parcs nationaux de la province, la population québécoise et les visiteurs du monde entier découvrent la beauté sauvage de la province et participent à une démarche collective de protection et de valorisation de notre patrimoine naturel.

Source : Martin Landry, historien, Journal de Montréal, cahier Weekend, 24 août 2024, p70


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