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Histoire
En vedette dans le ciel de Los Angeles au début de 2025, les « avions-pompiers » ont été conçus et assemblés dans la région de Montréal.

Ils remplissent à fleur d’eau et en 10 secondes leur citerne et déversent plus de 5000 litres d’eau sur les feux de forêt à
Chaque voyage; ces avions-pompiers uniques au monde ont été entièrement conçus et assemblés au Québec.
« En France, on les appelle tout simplement les Canadair et ils ont une excellente réputation pour lutter contre les feux de forêt. Malheureusement, on n’en produit plus et ce serait presque impensable de relancer ce modèle », commente le professeur Éric Laurendeau, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en modélisation et contrôle de l’aérodynamique instationnaire des aéronefs.
Le premier vol d’un CL-215 a eu lieu en 1967 et une dizaine de pays en ont acquis. Exactement 125 appareils sont sortis des usines de la Vickers, à Saint-Laurent. Un nouveau modèle amélioré, le CL-415, a été mis en service en 1993, et il a eu autant de succès que son prédécesseur. Lancés au coût de 37 M$, 95 exemplaires ont été vendus jusqu’à la fin de la production en 2015.
DÉFI TECHNIQUE
L’idée de concevoir un avion citerne capable de vider sa cargaison sur un feu provient de projets réalisés aux États-Unis et en Colombie-Britannique après la guerre avec d’anciens bombardiers de l’armée. Mais la conception d’un avion à partir des plans s’est bel et bien déroulée sur les planches de la Vickers à Saint-Laurent.
Inspiré d’un hydravion à coque (semblable à celle d’un bateau), le bombardier d’eau présente d’immenses défis de conception, souligne M. Laurendeau. Le centre de gravité doit être soigneusement calculé sinon l’aéronef risque de piquer du nez ou d’être incapable de se remplir.
« Tout ça repose sur quelques pieds à peine au centre du fuselage », mentionne l’expert, qui exprime beaucoup d’admiration pour les pilotes de ces engins de 19 tonnes qui survolent des zones enfumées et aux fortes turbulences, en raison des flammes.
LÉGENDE URBAINE
Les Canadair ont engendré de multiples histoires héroïques, dont les plus récentes, en Californie, ont été soulignées dans les médias et les réseaux sociaux. Un appareil à notamment heurté un drone en plein vol, mais s’est posé sans encombre. On a vu circuler de nombreuses images de ces bombardiers en pleine action.
La plus étrange de ces histoire, qui a été démentie depuis, veut qu’on ait retrouvé un plongeur mort au sommet d’une forêt éteinte… L’avion l’aurait pêché en remplissant sa soute puis jeté sur le sommet d’une montagne.
Une impossibilité technique puisque l’eau est recueillie dans de minuscules écopes dans la coque. Mais cette histoire a été reprise dans au moins deux œuvres de fiction, le roman Bambi Bucket de Mordecai Richler et La turbulence des fluides, un long métrage de Manon Briand.
DES ACCIDENTS INÉVITABLES
Les deux modèles de Bombardier d’eau (CL-215 et CL-415) éteignent encore de nos jours des feux en Grèce, en Italie, en France, en Malaisie, au Maroc et au Canada. Mais les missions de ces avions sont les plus risquées de l’aviation en temps de paix. Pas moins de 30 des 125 CL-215 et 11 des CL-415 ont subi des accidents qui les ont rendus inutilisables.
Source : Mathieu-Robert Sauvé, Journal de Montréal, Cahier weekend, 25 janvier 2025, p65