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Histoire
Imposer des tarifs d’exportation au Canada, Trump est dans le champ. L’historien Luc Laliberté a publié récemment, dans le cahier weekend du Journal de Montréal, l’histoire de William McKinley, 25e président des États-Unis, à cet égard…
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Depuis son arrivée sur la scène politique américaine, Donald Trump a affirmé être inspiré par deux de ses prédécesseurs.

S’il a rapidement mentionné le nom d’Andrew Jackson (1829-1837) depuis le début de son second mandat, c’est plutôt William McKinley (1897-1911) qui occupe le devant de la scène.
Qu’il s’inspire de l’un ou l’autre, le 47e président devrait s’adjoindre les services d’un bon historien. En ce qui concerne McKinley, Donald Trump n’a retenu qu’une version tronquée de la réalité.
DÉVELOPPER L’ÉCONOMIE
Né en 1843, le 25e président des États-Unis est le dernier président à avoir combattu pendant la guerre de Sécession, conflit pendant lequel il va se démarquer.
Après la guerre, il étudie et pratique le droit. Il commence son implication en soutenant un ancien compagnon d’armes, Rutherford B. Hayes, lui aussi futur président des États-Unis.
Son ascension politique est rapide et elle est vite marquée par sa défense des tarifs douaniers, son protectionnisme et l’expansionnisme américain.
Si sous sa gouverne les États-Unis ont livré une guerre à l’Espagne, qui a mené au contrôle de Porto Rico, Guam, des Philippines et à un protectorat à Cuba, sa politique tarifaire sera par la suite révisée.
La logique de McKinley était relativement simple. En imposant des tarifs sur les produits d’importation qui pouvaient atteindre les 50 %, les Américains consommeraient des produits fabriqués aux États-Unis.
Tout en favorisant le développement des entreprises américaines, McKinley souhaitait protéger les travailleurs américains de la compétition internationale.
Autre argument de McKinley, et non le moindre, les tarifs augmentaient les revenus du gouvernement américain.
À la fin du 19e siècle, l’impôt sur le revenu n’existe pas (ça se fera en 1913) et les sources de revenus du gouvernement ne sont pas légion.
PRENDRE SES DISTANCES AVEC LES TARIFS
Ce que l’administration Trump oublie ou ignore en affirmant s’inspirer du 25e président, c’est que McKinley lui-même en viendra à prendre ses distances avec la stratégie des tarifs.
Avant d’être assassiné en septembre 1901, le président avait inversé sa position, devenant plutôt le promoteur d’une politique plus près du libre-échange.
Il imaginait alors que le potentiel manufacturier de son pays permettrait de pénétrer de nouveaux marchés et d’acheminer la production américaine partout dans le monde.
Angles morts de la politique tarifaire d’abord préconisée par McKinley : la réaction des partenaires commerciaux et les coûts importants assumés par les consommateurs aux États-Unis.
Si les tarifs de McKinley ont créé de la richesse, elle a été répartie de manière bien inégale. Ce sont les industriels qui ont engrangé des profits pendant que le consommateur payait ses produits de plus en plus cher, sans voir son pouvoir d’achat suivre la courbe ascendante des prix.
Une autre retombée néfaste des tarifs constatée à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle réside dans le fait d’isoler l’économie américaine.
Donald Trump et son administration ne sont pas férus d’histoire. S’ils l’étaient, ils auraient retenu les leçons de McKinley.