Un pan de notre histoire : Les écoles de rang

Histoire

Plus discrète que l’église, l’école de rang fut pendant près de 150 ans l’édifice public le plus présent au Québec. Apprenons-en davantage sur cette époque.

VERS UN SYSTÈME SCOLAIRE DURABLE

L’institution royale, existant de 1801 à 1846, et les écoles de fabrique créées en 1824 donnent des résultats limités. Les écoles de syndics fondées dès 1829 sont un succès, jusqu’à ce que cesse le financement de l’État en 1836.

La loi scolaire de 1841 permet l’établissement d’un système scolaire permanent au Québec. Modifiée à plusieurs reprises, elle en jettera les bases pour plus d’un siècle.

Les commissaires d’école réunis en commissions scolaires gèrent les écoles. Elles seront confessionnelles, financées par une taxe foncière et par des frais de scolarité.

L’État et le clergé supervisent l’éducation avec l’établissement d’une réglementation scolaire et la nomination du surintendant de l’instruction publique. Ce dernier est remplacé en 1867 par de Département de l’instruction publique. S’ajoute en 1860 la Conseil de l’instruction publique.

LES ÉCOLES DE PROXIMITÉ

Les écoles de rang sont seules sur leur terrain, avec pour dépendances un hangar à bois et des latrines. De petites dimensions, leur façade ouest ou sud est très fenestrée. Leur toit, généralement à deux versants, est coiffée de deux cheminées servant au chauffage et à la ventilation.

Les écoles de rang contiennent une seule classe sauf pour les rangs plus populeux où elles en auront deux. Chauffées à l’aide d’un poêle à bois, elles n’ont généralement accès à de l’eau courante qu’après leur électrification.

Les pupitres permettent habituellement d’asseoir deux élèves. La maîtresse dispose d’un bureau installé sur une tribune et un tableau noir. L’ameublement se complète d’une armoire. L’appartement de l’institutrice n’est meublé que du strict nécessaire.

LES INSTITUTRICES RURALES

L’instruction rurale est principalement réalisée par des femmes : le salaire des institutrices est inférieur à celui des instituteurs. Les institutrices devaient être célibataires et posséder une moralité irréprochable.

Les institutrices sont généralement formées dans une école normale. À défaut, elles peuvent obtenir leur brevet d’enseignement si elles réussissent les examens requis.

Les institutrices sont responsables d’un maximum de 60 élèves, de la première à la septième année. Elles enseignent toutes les matières prévues au programme : lecture, écriture, mathématiques, histoire sainte, géographie, bienséance, etc. Elles ont accès à des ressources pédagogiques minimales pour préparer leurs cours.

Elles habitent à l’école pendant la semaine, fournissant leurs effets personnels et leur nourriture. Elles s’impliquent également dans la communauté : quête, veillée au corps, etc.

LES INSPECTEURS

Dès 1852, des inspecteurs ont le mandat de faire la tournée des écoles. Leur visite bisannuelle est appréhendée de tous.

L’inspecteur évalue les apprentissages des élèves, vérifie le travail de l’institutrice, dont le journal d’appel qui contient les notes des élèves. Il examine les documents de la commission scolaire.

Il dresse un rapport de la situation aux commissaires, tant de l’enseignement que de l’état des écoles, en recommandant les améliorations nécessaires. L’inspecteur fournit aussi différentes informations du Département de l’instruction publique.

LE GLAS DES ÉCOLES DE RANG

Les milieux ruraux protestants perdent des effectifs scolaires dès le premier quart du XXe siècle. On transporte les élèves dans une école centrale dès les années 1930.

Pendant les années 1950, les fermetures deviennent plus fréquentes pour les milieux catholiques. C’est le plus souvent la vétusté des écoles qui en est la cause. Le phénomène se termine en 1964. Quelques écoles ont un sursis, le temps de préparer la transition des élèves vers l’école du village.

Source : Journal de Montréal, cahier weekend, 17 mai 2025, p68


Un commentaire sur “Un pan de notre histoire : Les écoles de rang

  1. Une des premières institutrices de rang ici a Rawdon fut Madame Bertha Lane qui malgré son nom était francophone . Madame Lane eut même le droit d’exercer une fois marié car on ne lui avait pas trouvé de remplacante et ce jusqu’à la venue de son premier fils quelques mois plus tard . C’est son fils Guy maintenant agé de 95 ans bénévole a la société St-Vincent de Paul avec moi qui me l’a raconté

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