Un pan de notre histoire : Une petite histoire des domestiques au Québec

Histoire

Plusieurs séries télévisées et films qui montrent la vie quotidienne des gens aisés, notamment au XIXe siècle, cherchent à mettre en lumière le travail des domestiques, essentiels au fonctionnement des grandes demeures avant l’arrivée de plusieurs commodités comme les électroménagers.

D’emblée, une image semble se dessiner, soit celle d’une femme avec une coiffe d’un blanc immaculé et un tablier. Était-ce bien la réalité ? Faisons une brève incursion dans le monde des femmes qui ont œuvré au sein du service domestique au Québec de la Nouvelle-France à l’ère industrielle.

URBANISATION

Y avait-il des domestiques à l’époque de la Nouvelle-France ? Bien que moins nombreux qu’au XIXe siècle, certaines maisonnées peuvent se payer des serviteurs et surtout… celles qui portent alors le nom de servantes dans les contrats d’embauche.

Elles s’assurent de la propreté des lieux, des enfants, du service des repas ou de la blanchisserie.

N’oublions pas qu’avant l’arrivée des premières machines à laver, le nettoyage, le séchage et le repassage des vêtements et de la literie demandaient beaucoup de temps !

C’est surtout vers la fin du XVIIe siècle que ce type d’emploi féminin connaît une augmentation. En effet, le service domestique va de pair avec la croissance des villes et avec elles, une élite capable de le maintenir comme des familles de marchands ou de hauts gradés militaires.

Difficile toutefois d’avoir un portrait complet de la réalité des domestiques à cette époque, puisque ces hommes et ces femmes sont peu mentionnés dans les archives. La domesticité est un travail de l’ombre…

Nous savons néanmoins que les familles les plus nanties de la Nouvelle-France embauchent entre autres des jeunes femmes célibataires qui souhaitent aider financièrement leur famille, mais aussi les fillettes placées en service très jeunes afin qu’elles puissent apprendre le métier au fil des années tout en étant nourries et quelque peu éduquées.

Des études ont également démontré qu’en certaines occasions, des femmes mariées qui souhaitent elles aussi aider financièrement leur ménage ont pu être embauchées comme domestiques.

TRANSFORMATION DU SERVICE DOMESTIQUE

Après la guerre de 7 ans et le début du régime anglais, de nouvelles filles nanties s’établissent dans les grandes villes de la province de Québec, surtout à Québec et à Montréal, qui vont commencer à se développer davantage.

Ces familles, dans la tradition des membres des classes aisées anglaises, démontrent leur statut, entre autres, à travers le nombre de domestiques à leur service.

Le tournant du XIXe siècle voit ainsi une augmentation des femmes qui cherchent des emplois auprès des familles aisées établies dans les grandes villes. Elles sont orphelines, ou viennent souvent de milieux très modestes, ou sont des immigrantes, notamment irlandaises.

Elles signent des contrats qui déterminent qu’elles doivent entre autres suivre les demande de leurs employeurs et porter et entretenir leur uniforme. Ces contrats précisent de plus leur salaire et la durée de leur engagement.

Elles doivent allumer les feux dans les âtres le matin et les éteindre le soir, repriser les vêtements, faire les courses, les repas, l’entretien ménager et servir le thé.

Avec la montée de l’industrialisation et du nombre d’emplois en usine toutefois, un changement s’opère graduellement à partir des années 1850.

En effet, plusieurs femmes choisissent l’option du travail ouvrier, notamment parce qu’elles peuvent rentrer auprès de leur famille une fois leur quart de travail terminé.

Pour s’assurer que les femmes aient de meilleures conditions de travail dans le service domestique, des organismes comme la Young Women Christian Association (YMCA) commencent dès lors à leur offrir des cours spécialisés le soir. Qui dit spécialisation dit aussi espoir de négociation d’un meilleur salaire !

Graduellement, celles qu’on appelle de plus en plus des aides familiales ou des aides ménagères commencent à voir leur travail être reconnu comme un métier, ce qui leur offre davantage de reconnaissance alors que s’ouvre le XXe siècle. Même si cette reconnaissance reste toujours fragile.

Source : Évelyne Ferron, historienne, Journal de Montréal, cahier weekend, 31 mai 2025, p66


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