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Histoire
Marqueurs du paysage québécois, les casse-croûtes font incontestablement partie de notre culture. Après tout, on leur doit notre met national : la poutine ! On les fréquente lors des chaudes soirées d’été et de nos escapades en voiture, mais savons-nous à quand remonte la relation que nous entretenons avec eux ? Voici la brève histoire des casse-croûtes québécois.
1- LE REPAS DES TRAVAILLEURS

Au 19e siècle, des établissements offrant des repas rapides sont apparus graduellement dans les villes. À Québec, on trouvait de petites cabanes sur les places du marché et près des quais. Selon Jean-Marie Lebel, on y servait des repas à la minute et de la petite bière à 1 sou le verre.
Au tournant du 20e siècle, on trouve ce genre d’établissements dans les quartiers ouvriers. On les nomme quick lunch, light lunch et pork and beans. On y vend des mets canadiens : fèves au lard, pain, soupe aux pois, etc. Ce sont des commerces d’appoint qui servent la clientèle du coin. Ils font l’objet de surveillance policière, puisqu’on y vend également de l’alcool.
2- DE ROULOTTES À CAMIONS-RESTAURANTS

L’industrialisation et le travail en usine entraînent de nouveaux besoins en ce qui concerne l’alimentation dans la ville. C’est ainsi qu’apparaissent les premières cantines mobiles, principalement des roulottes tirées par des chevaux. Ces ancêtres des camions-restaurants s’installent à la sortie des usines et offrent des repas chauds, peu couteux et servis rapidement.
Puisque les employés doivent préparer la nourriture et s’occuper des animaux, il y a des problèmes de salubrité. C’est pourquoi, en 1947, la vente de nourriture et de boissons sur la voie publique est abolie à Montréal. Les autres villes de la province suivront cet exemple. Ce règlement sera maintenu jusqu’au retour de la cuisine de rue, en 2015 à Montréal et en 2017 à Québec.
3- L’INFLUENCE AMÉRICAINE
À partir des années 1920, l’influence américaine se fait sentir. Nos voisins du Sud ont été les premiers touristes à parcourir le Québec. Nos cantines vont embrasser cette influence et se transformer en snack-bar à l’américaine.
Cependant, plusieurs d’entre elles resteront très modestes. Ces commerces deviennent des lieux de rencontre et taillent leur place dans la culture populaire du Québec.
Les menus vont s’américaniser en offrant des hot-dogs, hamburgers, milk-shakes et frites. Elles auront graduellement accès aux commodités de base : eau courante, électricité, toilettes.
4- SERVIR LA SOCIÉTÉ DES LOISIRS
L’essor de la voiture vient transformer le paysage québécois. Dans l’après-guerre, la province souhaite relancer l’industrie du tourisme. Le Québec crée de nouvelles routes, améliore celles déjà existantes, intervient dans la protection de la faune et crée de nouveaux parcs nationaux.
Cette période coïncide avec la démocratisation du tourisme et l’accès de la classe moyenne à la société des loisirs. Les familles ont plus de temps et d’argent pour voyager en voiture. Le transport de marchandises par camion crée également de nouveaux travailleurs nomades qui doivent manger en route.
Les motels et les casse-croûtes viennent répondre à ce besoin. Le nombre de cantines de bord de route explose.

5- L’ÂGE D’OR
La période qui s’étale de 1950 à 1980 marque l’âge d’or des casse-croûtes. Ils vivent une réelle montée en popularité et deviennent des lieux de rencontre privilégiés pour les jeunes en quête de liberté et pour les sorties en famille. De la même manière, les crèmeries se multiplient.
Certains établissements vont choisir d’ouvrir uniquement pour la période estivale, un moment où l’achalandage est plus important. Ainsi, les roulottes sont converties en casse-croûtes. On les trouve généralement stratégiquement placées à l’entrée d’un village ou sur le bord d’une route touristique.
Aujourd’hui, ces établissements font toujours partie de la tradition de bien des familles. La clientèle y est fidèle. Ce qui donne lieu à de nombreux débats sur le meilleur casse-croûte du Québec. Qu’ils soient saisonniers ou non, ces restaurants occupent une place importante dans le paysage du Québec.
Source : Bibliothèque et archives nationales du Québec, Journal de Montréal, cahier weekend, 21 juin 2025, p64