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Histoire
Dans une série de reportages publiés par Le Devoir en 1949-1950, l’avocat Pacifique Plante, ancien directeur adjoint de la police de Montréal, congédié pour insubordination, accuse des policiers de corruption et de complicité avec le monde interlope. Un comité de moralité publique se forme pour réclamer une enquête sur la police. Il retient les services de Pax Plante et d’un jeune avocat, Jean Drapeau.
En 1950, une commission d’enquête présidée par le juge François Caron ouvre ses audiences. Son rapport, publié en 1954, comporte près de 5000 accusations mettant en cause une soixantaine d’individus, dont plusieurs policiers et deux chefs de police, Fernand Dufresne et Albert Langlois.

Chef depuis 1947, Langlois est destitué par le nouveau maire Jean Drapeau, qui vient d’être élu sur la promesse d’en finir avec le « vice commercialisé ». Aussitôt, Pacifique Plante, surnommé Pax Plante, est réinstallé dans ses fonctions.
Le prédécesseur de Drapeau, Camilien Houde, avait des accointances avec la pègre. Coauteur d’une biographie de Houde, Robert Migner écrit que Montréal était, sous son administration, un immense lupanar.
PROSTITUTION, TOURISME ET PROSPÉRITÉ
La prohibition aux États-Unis et dans le reste du Canada donne à Montréal, dans les années 1920, la réputation d’être la ville de tous les plaisirs, la plus ouverte d’Amérique du Nord.
Ses lupanars attirent les touristes, qui découvrent le smoked meat et les bagels.
Le « vice commercialisé » contribue à la prospérité de la ville.
« Il y a beaucoup de gens qui viennent à Montréal et c’est pas toujours pour aller prier à l’oratoire Saint-Joseph ! » avait raillé le premier ministre Maurice Duplessis
En 1944, une épidémie de maladies vénériennes qui ravage les militaires stationnés dans le région de Montréal amène l’armée à obtenir la fermeture – temporaire – des bordels. Entre 1940 et 1943, plus de 4000 soldats ont dû être hospitalisés pour avoir contracté des maladies vénériennes.
Mais la prostitution continue de fleurir. On estime que le fameux quartier Red Light de Montréal (autour des rues Saint-Laurent et Sainte-Catherine) comptait encore, dans les années 1940-1950, une centaine de bordels.
Originaire de la Calabre, dans le sud de l’Italie, la famille Cotroni immigre au Québec en 1924.
Charpentier-menuisier, Vincent Cotroni entame une carrière de lutteur, Dans les années 1940, il acquiert plusieurs cabarets, dont le célèbre Au Faisan doré.
Il s’acoquine avec l’influente famille mafieuse new-yorkaise Bonanno, dont l’homme de main, Carmine Galante, domine le monde interlope montréalais avec l’appui des Cotroni.
Au milieu des années 1950, ils prennent le contrôle de la pègre. Galante sera plus tard assassiné. Vic Cotroni dominera la mafia pendant une trentaine d’années, mourra d’un cancer en 1984, cédant la place aux Rizzuto.
En 1957, dans des élections entachées d’irrégularités, jean Drapeau est remplacé par Sarto Fournier avant de reprendre la mairie trois ans plus tard.
Des menaces de mort forcent Pax Plante en 1958, à s’exiler au Mexique jusqu’à son décès en 1977.
LES CHAUDES NUITS DE MONTRÉAL
Dans les années 1940-1950, le crime organisé s’infiltre partout, des maisons de jeux à la prostitution et aux élections truquées : blind pigs (ventes illégales d’alcool), « barbottes » (jeux de hasard illégaux) bookies (paris illégaux), bordels et trafic de drogue.
« J’aime les nuits de Montréal, ça me rappelle la place Pigalle », chantait Jacques Normand au Faisan doré, le cabaret de Vic Cotroni.
De célèbres artistes français s’y produisent, dont Charles Aznavour, Luis Mariano, Tino Rossi, Bourvil, Charles Trenet, Georges Guétary, Line Renaud, Henri Salvador, Yves Montand, Guy Béart et des artistes d’ici : Aglaé, Estelle Caron, Monique Leyrac, Denise Filiatrault.
Deux jeunes y feront leurs débuts dans le monde de la chanson : Fernand Gignac et un gentil serveur du nom de Raymond Lévesque.
Dans leurs téléromans Montréal PQ et Montréal, ville ouverte, qui ont soulevé la polémique entre eux, Victor Lévy Beaulieu et Lise Payette ont raconté l’époque du Red Light.
L’arrivée de la télévision entraînera le déclin des cabarets et des boîtes de nuit.
LA FORTUNE : PROSTITUTION ET SPAGHETTIS
Membre influent du clan Cotroni, Angelo Bizante possède, rue Sainte-Catherine, l’American Spaghetti House, qui se présente comme le plus grand restaurant de spaghettis au monde, ouvert jour et nuit tous les jours de l’année.
Les clients des boîtes de nuit, dont ceux de son cabaret Casa Loma (où Ginette Reno et Les Jérolas ont commencé leur carrière), viennent y manger à la fin des spectacles.
Bizante, philanthrope, accueille à son restaurant, chaque année, 300 orphelins qui repartent avec des cadeaux-souvenirs. Sa femme, Lucie Delicato, une ex-prostituée, était la « madame » la plus en vue de Montréal, exploitant plusieurs lupanars de luxe.
Elle fut acquittée, en 1944, d’une accusation de proxénétisme en contestant avec succès la validité de mandats de perquisition obtenus contre elle.
Le couple Bizante vivait dans une splendide demeure du Haut-Outremont.
Source : Normand Lester, Journal de Montréal, cahier weekend, 30 août 2025, p72
Mon école secondaire était situé sur la rue des Bordels ,rue Sanguinet et Ste-Cathefine. C’était le Red Light de l’époque. Sergio
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