Un pan de notre histoire : Des origines romaines dans nos célébrations de Noël

Histoire

Parmi les symboles les plus répandus des fêtes de Noël, même dans les régions du monde où la neige est absente en décembre, le sapin est généralement le roi du décor festif.

Le Québec fait partie de ces régions où le sapin de Noël est un incontournable de l’ambiance des Fêtes, parfois même dès le début du mois de novembre. Mais pourquoi est-il spécifiquement associé aux célébrations de fin d’année en Occident et surtout… à quand remonte cette tradition ?

LA VERDURE ET SON LIEN AVEC L’ESPOIR… DU PRINTEMPS

Les célébrations de Noël coïncident avec la période du solstice d’hiver et, avec elle, l’espoir des jours qui rallongent et du retour de davantage de lumière.

Avant le sapin lui-même, les traditions antiques associées à cette période particulière de l’année, qui mène tout d’abord à la nuit la plus longue et au jour le plus court, ont mis en avant-plan la verdure dans la décoration tant intérieure qu’extérieure. Nous pouvons en effet faire remonter l’utilisation de verdure comme décorations intérieures et extérieures en décembre au monde romain et aux fêtes des Saturnales. Ces dernières ont par ailleurs laissé certaines traces dans les fêtes de Noël d’aujourd’hui.

En effet, ces fêtes étaient célébrées du 17 décembre au 23 décembre et étaient en l’honneur du dieu Saturne et du solstice d’hiver. Ce qui est logique, car dans l’Antiquité romaine, Saturne était une divinité agricole, associée notamment aux semailles. La journée du 17 décembre était réservée au culte dans les temples de Saturne, alors que les autres jours permettaient de profiter des festivités.

Les maisons étaient décorées entre autres de branches de laurier ou d’olivier, pour rappeler le printemps qui allait suivre le solstice. Certaines conventions sociales étaient abolies pendant ces journées, comme le droit de jouer aux dés. Et il y avait de nombreux repas et banquets en famille et entre amis, pendant lesquels on offrait des étrennes. Cette idée de donner de petits cadeaux et d’être dans un esprit de partage et de gentillesse s’est poursuivie lorsque les fêtes chrétiennes de Noël ont intégré certaines anciennes traditions dites païennes.

VERS LE BEAU ET GRAND SAPIN

Dans les régions plus nordiques, où l’hiver est plus long et plus rude, les conifères représentaient la victoire de la verdure sur le froid et la noirceur. Aux traditions de Noël perpétuant la tendance de décorer les portes et fenêtres de verdure, notamment de sapinage, s’est ajouté éventuellement le sapin décoré.

C’est en Allemagne du Sud, en 1605, que l’on trouve les premières traces écrites faisant état d’un sapin illuminé pendant cette période. Les Allemands, en immigrant dans différentes régions du monde comme en Amérique du Nord, ont apporté cette tradition avec eux et l’ont partagée. Les princesses et les duchesses allemandes, qui se sont quant à elles mariées dans les familles des monarchies britanniques et françaises, contribuent également à faire du sapin décoré une mode… royale! Tout comme les soldats allemands ont aussi transmis cette façon de faire aux États-Unis lorsqu’ils ont combattu pendant la guerre d’indépendance américaine.

Et au Québec? Le manque de sources écrites rend la nomination du premier sapin décoré difficile, mais il existe trois grandes voies d’influence pour son adoption chez nous. Il y a l’arrivée des immigrants allemands venus en Amérique, ou de loyalistes des États-Unis, ou de celle de familles ayant voulu suivre la tendance mise de l’avant par la famille royale britannique, plus particulièrement la reine Victoria et le prince Albert. Il faut dire que les publications montrant le couple royal devant un immense sapin au château de Windsor ont eu un impact dans tout l’Empire britannique. Nous savons de plus qu’en 1781, une baronne allemande établie à Sorel, la baronne Riedesel, a laissé des journaux détaillés témoignant de la présence d’un sapin lumineux chez elle, alors qu’elle recevait des officiers allemands et britanniques.

Les chemins des traditions de Noël sont riches et variés, mais peu importe comment il est arrivé dans nos maisons, il n’en demeure pas moins que le sapin reste le grand souverain des décorations hivernales.

Source : Évelyne Perron, Historienne, Journal de Montréal, cahier weekend, 13 décembre 2025, p53


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