Je t’en prie mon Dieu, je n’ai que dix-sept ans.

La belle saison est arrivée et avec elle, les ballades en automobile. Depuis quelques semaines, le débat porte sur les solutions à trouver pour réduire l’hécatombe des jeunes qui laissent leur vie sur nos routes. Même s’ils ne représentent qu’une faible partie des conducteurs, ils sont impliqués dans plus de 25% des accidents mortels annuellement. Certes la témérité des jeunes y est pour quelque chose mais avant tout, ils doivent prendre conscience des conséquences de leurs gestes audacieux et surtout, être responsables, éviter l’irréparable. C’est dans ce contexte que je veux partager avec vous, l’histoire qui suit.

La journée où je suis mort était une journée comme les autres. J’aurais donc dû prendre l’autobus. Mais j’avais si hâte de conduire l’auto de maman pour me rendre à l’école. Je l’ai supplié :

– Tous les autres le font, je t’en prie.

À quinze heures, j’ai ramassé tous mes livres et j’ai couru au terrain de stationnement. J’étais tout excité d’être enfin libre de voler de mes propres ailes, enfin !

Ça n’a pas d’importance comment l’accident est arrivé. Je faisais le fou… Je roulais beaucoup trop vite, je prenais de grosse chance. Mais je savourais ma liberté et je m’amusais. La dernière chose dont je me souvienne, je dépassais une vieille dame qui semblait rouler très lentement. J’ai entendu un fracas terrible de vitre et de métal, et j’ai senti tout mon corps se briser en morceaux. Je me suis entendu crier.

Soudain je me suis réveillé. Tout était calme. Un agent de police se tenait près de moi. À côté de lui, il y avait un médecin. Mon corps était déchiré et couvert de sang. Il y avait des morceaux de vitre partout dans ma chair. C’est étrange, mais je ne sentais absolument rien.

– Hé ! Ne tirez pas de draps par-dessus ma tête. Je ne peux pas être mort ! Je n’ai que dix-sept ans, je dois sortir ce soir. Je dois grandir et avoir une vie extraordinaire. Je n’ai même pas encore vécu. Je ne peux pas être mort.

Plus tard, j’ai été placé dans un grand tiroir. Mes parents ont dû m’identifier. Pourquoi ont-ils dû me voir dans cet état ? Pourquoi ai-je regardé maman alors qu’elle voyait la pire atrocité de sa vie ? Papa avait soudain l’air d’un vieillard. Il a dit au préposé :

– Oui, c’est mon fils !

Le salon funéraire a été une expérience troublante. J’ai vu tous mes parents et amis défiler devant moi, un par un, en me regardant avec des yeux remplis de tristesse. Certains de mes copains pleuraient. Certaines jeunes filles me touchaient la main et sanglotaient…

– Je vous en prie… quelqu’un, réveillez-moi ! Sortez-moi d’ici ! Je ne peux plus supporter de voir mes parents si abattus. Mes grands-parents éprouvent une douleur si grande qu’ils peuvent à peine marcher. Mes frères et sœurs sont comme des robots. Tout le monde semble égaré. Personne ne peut le croire et moi non plus !!!

– Ne m’enterrez pas. Je ne suis pas mort. J’ai encore beaucoup d’avenir devant moi, je veux rire et courir. Je veux danser et chanter. Ne me mettez pas en terre. JE TE PROMETS. MON DIEU, QUE SI TU ME DONNES UNE AUTRE CHANCE, JE SERAI LE CONDUCTEUR LE PLUS PRUDENT AU MONDE. TOUT CE QUE JE VEUX, C’EST UNE AUTRE CHANCE.

– Je t’en prie, mon Dieu, je n’ai que dix-sept ans…


2 commentaires sur “Je t’en prie mon Dieu, je n’ai que dix-sept ans.

  1. Très touchant mais çe texte rejoint surtout les parents. J’espère sincèrement que des jeunes te liront par le biais de facebook ou twitter. Si ça en fait réfléchir un, tu aura atteint ton but.
    À la r’voyure….

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