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À huit jours de la grande Fête de Noël et ce, même si c’est une fête joyeuse et solennelle, certaines personnes la vivront dans la solitude. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi et l’histoire qui suit est signée Claudette Morin. Je l’ai trouvé dans l’édition de décembre 2011 – Janvier 2012, du Journal du bel âge, feuilleté au hasard d’une visite dans une résidence pour personnes âgées. Comme ce sont souvent ces personnes qui vivent seules, je voulais la partager avec vous, dans ces moments de réjouissances. Ayons une pensée de partage pour eux. Partager un peu de leur temps, c’est le plus beau cadeau qu’on peut leur offrir…
Seule dans mon 3½, je songe au Noël que j’aimerais bien passer en compagnie de mes enfants et petits-enfants. Il est plus de 22h et, m’allongeant sur mon lit, je tombe dans un profond sommeil.
Je suis heureuse… Je vis dans une maison ni trop grande ni trop petite. Suffisamment grande pour y accueillir tous mes enfants et petits-enfants pour Noël.
Je suis heureuse… En ce 24 décembre au soir, ma maison sent la cannelle, le girofle et plein d’odeurs qui mettent l’eau à la bouche.
Je suis heureuse… J’ai décoré avec mes petits-enfants un sapin naturel, coupé dans un boisé près de chez moi. Je sais, il lui manque des branches, mais ça ne fait rien. Il est unique ainsi. Mes petits-enfants et moi y avons placé les ornements que nous avons fabriqués quelques jours plus tôt. Carton, papier, crayons à colorier et bouts de ficelle nous ont aidés à le rendre attrayant.
Je suis heureuse… Au pied du sapin, il y a une crèche. Et oui ! Je crois encore à la naissance de Jésus en ce monde. Mes petits-enfants, agenouillés tout près, me demandent :
– C’est qui le bébé dans la crèche ? C’est qui sa maman ?
Je donne une foule de réponses à leur foule de questions. Mes réponses ne sont en rien compliquées, ce sont celles que j’ai retenues alors que j’étais enfant.
Je suis heureuse… De voir les cadeaux placés sous cet arbre, des cadeaux faits main avec patience, créativité et amour. Et de surcroît utiles ! Ma fille aînée m’a offert un tablier, elle sait que j’adore cuisiner. Ma cadette m’a offert une magnifique toile que j’ai accrochée au mur, question de penser à elle chaque fois que j’apercevrai son œuvre.
Je suis heureuse… Mes enfants et petits-enfants ont hâte de goûter ce que j’ai préparé pour souper : dinde, pommes de terre en purée, légumes, tourtière. Et pour dessert, carrés aux dattes et tarte au sucre. J’ai utilisé les recettes de ma grand-mère, question de conserver la tradition familiale.
Je suis heureuse… De voir tout mon petit monde autour de moi si heureux et si comblé. Il est 22h passé et mes petits-enfants baillent déjà. Ils sont épuisés d’avoir joué à la chaise musicale, d’avoir chanté et dansé. C’est déjà l’heure du départ. Ils me donnent mille et un bisous, me font de grosses caresses, puis agitent leurs petites mains en disant :
– À bientôt Mamie !
Je suis heureuse… J’entends sonner les cloches de l’église et j’assiste à la messe, où l’on chante le « Minuit Chrétiens ».
J’entends des cris et m’éveille en sursaut. Des voisins festoient. Je réalise que mon rêve ne se réalisera pas en cette veille de Noël. Je sais, je ne peux changer les choses. Je ne peux changer le passé. La vie est ainsi faite. Je me console, car je sais que je ne suis pas seule à être seule et à me sentir si seule. Une idée me frappe tout à coup comme l’éclair. Je m’enveloppe chaudement et, dans la froidure hivernale, me dirige vers l’église où j’ai été baptisée 60 ans plus tôt.
Je suis heureuse… Car cette nuit, l’un de mes souhaits sera exaucé : je pourrai entendre chanter le « Minuit Chrétiens ».
En vieillissant Noël perd son charme, les vieux sont abandonnés, laissés aux soins d’étrangers et s’est malheureux. Heureusement, nous ne faisons pas partie de cette catégorie, nos valeurs familiales existent encore. Nous nous soucions du bien-être de nos pères et mères. Nous ne pouvons leur redonner leur jeunesse mais nous pouvons leur donner de l’amour.
À la r’voyure….
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