Prendre conscience

ConscienceLorsqu’on est jeune et de façon générale, on se croit invincible. La fatalité se retrouve très loin dans nos inquiétudes. On a toute la vie devant nous et ceux et celles qui nous quittent pour un monde meilleur sont souvent des gens âgés; un vieil oncle, une vieille tante, un grand-parent. Puis les années passent où on fait d’agréables rencontres et des personnes nous accompagnent pour un bout de chemin ensemble. Au fil du temps, nos cercles d’amis et de connaissances changent et évoluent pour différentes raisons; une réorientation de carrière, un déménagement. Enfin bref, dans une vie il s’en passe des choses et on espère vivre vieux et en santé.

Mais voilà que les années passent et que chacun des anniversaires nous fait prendre conscience qu’on se dirige vers la fin. Loin de moi l’idée d’être négatif ou d’avoir des idées noires mais c’est un fait, le meilleur sera toujours derrière nous. En vieillissant, on commence à songer à notre départ. On n’en connaît pas la date mais c’est une évidence. On est plus prudent, plus sage et aussi plus méfiant, plus réservé, comme si soudainement on sortait de notre vie trépidante de jadis pour retrouver une certaine accalmie. Nous sommes plus enclins à régler les vieilles chicanes et à faire la paix avec les autres, à éviter ou régler les conflits.

Pendant de nombreuses années, ma famille et mon entourage étaient épargnés par la mort. S’il y avait bien un endroit où je n’allais jamais, c’était les salons funéraires. Puis, contrairement aux loteries, c’était souvent notre tour et voilà que j’avais un abonnement chez l’entreprise de pompe funèbre. Les proches et connaissances nous quittaient en série et là, c’est au tour de ceux et celles de ma génération. Au fil du temps, j’apprends qu’un ancien collègue est très malade, un autre est décédé subitement. Des gens de mon âge, à peine retraités pour certains, et qui n’ont pu profiter du temps que la retraite leur offrait. On ne connait pas sa destinée et c’est beaucoup mieux ainsi.

Il y a dix jours à peine, j’apprenais qu’un ancien collège attendait son admission dans un centre de soins palliatifs. Ce mot qui évoque la fin de la vie, l’entrée du tunnel dont on ne revient pas. À peine admis, il rendait l’âme. 68 ans! Immédiatement les souvenirs sont sortis de ma mémoire. Tous les moments qu’on a passés ensemble, de sa manie de tout écrire en petite lettre dans son carnet personnel et que seulement lui arrivait à déchiffrer. Même si ça faisait plus de dix ans qu’on ne s’était pas vu ou parlé, les images dans ma tête étaient aussi claires que si elles venaient d’arriver. D’autres sont partis avant lui, laissant également des souvenirs impérissables qui refont surface à chaque fois.

Quand des gens de mon époque et avec lesquels j’ai grandi s’en vont, je prends conscience que je suis sur le décompte, que la vie nous est prêtée et que le Créateur peut décider à tout moment de me l’enlever. N’a-t’il pas dit «J’irai vous chercher comme un voleur». La fragilité et la vulnérabilité s’installent avec le temps. Loin d’être obnubilé par cette vérité, il faut prendre la vie du bon côté et en profiter pleinement. C’est ma philosophie que j’entends suivre pour le temps qu’il me reste.

Un commentaire sur “Prendre conscience

  1. Vous exprimez bien en mots ce que l’on ressent en vieillissant. Nous avons également perdu un ami cher âgé seulement de 68 ans. Comme vous dites, il faut profiter de la vie! On se souhaite de la santé pour nous et nos proches!

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