Un pan de notre histoire : René Lévesque, l’incarnation de l’amour du Québec

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Plusieurs d’entre vous connaissez mon admiration sans borne pour René Lévesque. Un visionnaire qui s’était donné comme objectif d’amener son peuple vers la terre promise et de lui fournir les pleins pouvoir pour enfin accéder à son indépendance. Un homme du peuple, pour le peuple.

Récemment, le Journal de Montréal publiait dans son cahier Weekend, l’histoire de ce grand homme parti trop tôt. Un texte de Martin Landry, historien, que je veux partager avec vous.

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Existe-t-il quelqu’un qui incarne autant ses racines profondes, son amour et son attachement pour le Québec que René Lévesque ?

Redécouvrons la vie de ce petit homme, considéré comme un géant de l’histoire du Québec.

L’ENFANCE GASPÉSIENNE

René Lévesque est né le 24 août 1922 et a grandi à New Carlisle, un charmant village à majorité anglophone de la Gaspésie. Les Lévesque habitent une maison de bois blanc sur une butte qui surplombait la baie des Chaleurs.

Sa mère est une femme cultivée. Elle jouera un rôle de catalyseur dans la vie de son fils. Son père exerce la profession d’avocat. Aîné d’une famille de quatre enfants, René Lévesque est plutôt chétif, mais il a du caractère, de la répartie et ne s’en laisse imposer par personne.

À l’été de 1936, à l’âge de 14 ans, Lévesque connaît ses premières expériences d’animation radiophonique au microphone d’une station de radio locale. Il suit son cours classique au Séminaire de Gaspé, puis il fréquente le Collège des Jésuites Saint-Charles-Garnier de Québec, avant d’entrer à la faculté de droit de l’Université Laval.

Durant ses années sur les bancs d’école, on le retrouve à l’animation de différentes émissions de radio dans ses temps libres. René Lévesque est un amoureux des livres. Il est très habile dans l’expression de sa pensée et est vif d’esprit. Il se dirigera tout naturellement vers une carrière dans les communications plutôt qu’en droit.

LE JEUNE ADULTE

En 1943, René Lévesque abandonne ses études en droit et s’enrôle dans l’armée américaine comme correspondant de guerre en Grande-Bretagne, puis en France, en Allemagne et même en Autriche.

Parfaitement bilingue, René Lévesque est recruté pour se joindre au Bureau français de la radio Voice of America de Londres en 1944.

Il faut savoir que durant la Seconde Guerre mondiale, la radio militaire diffusait des informations en plusieurs langues aux populations des pays occupés par les fascistes. À l’hiver 1945, toujours pour l’armée américaine, il devient correspondant de guerre. Il accompagne l’armée française où il sera témoins des pires règlements de compte conte les civils allemands.

Comme journaliste, il joint entre autres l’infanterie américaine jusqu’au terrible camp de concentration de Dachau, en Allemagne. Une expérience profondément bouleversante.

C’est d’ailleurs cette expérience exceptionnelle sur le terrain qui lui ouvrira les portes de Radio-Canada quelques années plus tard.

Journaliste à la voix particulière, animateur au style plutôt saisissant, vulgarisateur d’exception, René Lévesque a su se tailler une place de choix à Radio-Canada, notamment à l’émission télévisée Point de Mire.

Dans les années 1950, au moment où sa carrière dans les médias prend son envol, il est difficile de lui soupçonner des ambitions politiques.

LE CONFLIT QUI A TOUT CHANGÉ

C’est assurément en 1959, lors du conflit syndical à Radio-Canada, que tout bascule pour René Lévesque. Il prend alors conscience de l’indifférence de ses collègues de langue anglaise du côté de la CBC face aux conditions de travail des employés francophones de la société d’État et, surtout, du mépris du gouvernement fédéral dirigé par John Diefenbaker.

C’était comme si les politiciens du Parlement ne se préoccupaient nullement du fait que le service dans la langue de Molière était paralysé par une grève, l’important, c’était que les émissions de télévision et d’information fonctionnent dans celle de Shakespeare.

Ce conflit de travail, qui aurait facilement pu se régler en deux ou trois jours, s’est étiré su 68 jours de grève à cause de l’inaction du gouvernement fédéral. Ce conflit sera annonciateur d’un grand vent de changement qui marquera l’évolution de l’histoire du Canada français.

« Ah bon ! On ne compte pas plus que ça. Bon, ben, tirons-en une leçon. » René Lévesque

L’ENGAGEMENT POLITIQUE

Après une période de réflexion, Lévesque décide de se lancer dans la joute politique provinciale en 1960 au côté de l’équipe libérale de Jean Lesage. Député vedette dans « l’équipe du tonnerre » et important ministre, il sera un des grands bâtisseurs du Québec moderne en pilotant la nationalisation des compagnies d’électricité.

En mai 1963, Hydro-Québec prend alors possession de 11 compagnies d’hydroélectricité et entreprend l’unification et la modernisation de différents réseaux de distribution.

René Lévesque voit grand et loin devant. La vision qu’il porte pour les questions constitutionnelles l’amène à quitter le parti libéral du Québec. Après avoir mis sur pied, en 1967, le Mouvement souveraineté-association, il crée l’année suivante le Parti Québécois.

DE NOUVELLES PERSPECTIVES POUR LE QUÉBEC

La crédibilité et le charisme de René Lévesque permettent au Parti Québécois de faire entendre ses nouvelles perspectives pour l’avenir du Québec. Les idées du PQ résonnent dans les journaux et dans des assemblées de cuisine aux quatre coins de la province.

Ces idées créatives proposent de redessiner un Québec plus démocratique : un État protecteur de la langue française, mais aussi respectueux de la minorité anglophone ; un État souverain sur le plan politique, mais partenaire du reste du pays sur le plan économique.

Si René Lévesque a toujours eu une grande liberté de ton et le verbe facile, son style devient un peu plus virulent dans les années 1970. Après six années dans l’opposition, les députés du Parti Québécois de René Lévesque seront invités à constituer le gouvernement et à mettre en place ce qui a tant fait rêver des millions de Québécois.

« Présentement, on ne rêve plus. On s’acharne plutôt à reprovincialiser jusqu’au trognon ce peuple qui menaçait gravement de se prendre pour lui-même… » René Lévesque, le 27 août 1970 dans Le Journal de Montréal

RENÉ LÉVESQUE, PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC

De 1976 à 1985, René Lévesque et son parti social-démocrate réussissent à gouverner et à mettre en place des réformes structurantes pour le Québec. On reconnaît entre autres la loi régissant le financement des partis politiques, la protection du zonage agricole, l’assurance automobile (une véritable révolution dans le droit automobile), la Charte de la langue française.

C’est aussi l’un des premiers gouvernements à reconnaître le droit à l’autonomie gouvernementale aux Premières Nations.

Même si le PQ et ses idées de souveraineté-association ne font pas toujours l’unanimité, René Lévesque, lui, est respecté et adulé comme aucun autre premier ministre avant lui. Les Québécois se souviennent de lui beaucoup plus comme un leader intègre, visionnaire et persuasif et ont tendance à oublier quelquefois brouillon et légèrement délinquant.

Oui, délinquant, parce qu’il n’a pas la langue de bois et tient des propos bien loin de ceux des autres chefs de parti qui suivent plus scrupuleusement la ligne de parti.

Son style donne souvent des mots de tête à son équipe qui doit faire quelques pirouettes politiques pour expliquer certaines déclarations de leur chef. Est-ce à cause de son côté héroïque de ses années comme correspondant de guerre ?

Est-ce parce qu’il s’est comporté comme un incorruptible quand il était ministre des Ressources hydrauliques et ministre des Travaux publics durant la Révolution tranquille ? Est-ce parce qu’il estimait tout simplement l’intelligence des citoyens ?

Impossible de trancher, mais ce qui est certain, c’est que cet homme était aimé et respecté. Malgré l’échec référendaire de 1980, la cruelle insulte subie durant la Nuit des longs couteaux en novembre 1981, la crise économique des années 1980 et les douloureux décrets imposés aux travailleurs des secteurs public et parapublic, René Lévesque est, encore aujourd’hui, le plus respecté de tous les chefs d’État de l’histoire du Québec.

Pour certains, il était chaleureux, rassembleur et savait inspirer confiance; pour d’autres, il était, aussi, choquant, diviseur et borné.

Même s’il est impossible et même pas du tout souhaitable au plan politique de faire l’unanimité, une chose est certaine, quand il est décédé prématurément, il a laissé un grand vide.

« Ses collègues l’appelaient Monsieur le Premier Ministre, ses adversaires l’appelaient Lévesque, ses amis l’appelaient René, mais le peuple l’avait surnommé Ti-Poil. » Jean-Marc Léger, 29 octobre 2012 dans Le Journal de Montréal

JE ME SOUVIENS

René Lévesque a quitté la vie politique en 1985 pour revenir à son ancien métier, le journalisme. Il est décédé peu après la fin de sa carrière politique, le 1er novembre 1987. En tant que ministre sous le Parti libéral du Québec et comme premier ministre sous la bannière du Parti Québécois, René Lévesque a su représenter tous les Québécois avec passion et humilité, et ce, peu importe leur allégeance.

À titre posthume, de nombreuses voies publiques, monuments et autres infrastructures honorent la mémoire de cet homme élevé au rang de mythe. Des séries télévisées, des livres et même des bandes dessinées racontent son histoire.

D’ailleurs, il ne faut surtout pas manquer l’exposition René et Lévesque au Musée de la civilisation (jusqu’au 4 septembre 2023). Je vous recommande aussi l’excellente websérie Nom d’une rue, diffusée par la Fondation René-Lévesque.

« Jamais un homme politique n’a été aussi près du peuple. » Bernard Landry


184e jour de l’année

Lundi, 3 juillet 2023

On célèbre aujourd’hui…

LA JOURNÉE MONDIALE SANS SACS PLASTIQUES

52e ANNIVERSAIRE DE MARIAGE DE SUZANNE ET PIERRE LAFONTAINE. NOCES DE TOURMALINE


À la douce mémoire de…

MARC-ANDRÉ ARSENAULT 1948-2017 – Campeur à Pioneer Village.


Comportement de la langue française au Québec…

Avez-vous remarqué le commercial télévisé des magasins TANGUAY ? Alors qu’un couple regarde quelque chose, l’homme s’exclame OMJ pour Oh my God. Le G étant bien sûr prononcé à l’anglaise… L’assimilation à petites doses de la part d’une entreprise QUÉBÉCOISE.


Pensée et citation du jour

Laissez aux autres la recherche de la perfection. Soyez satisfait de ce que vous êtes, vous serez beaucoup plus détendu.

Paul Wilson


Ça s’est passé un 3 juillet…

(1904) Décès d’Eddie Beaupré, dit le géant Beaupré, à l’âge de 22 ans. Il mesurait 8 pieds 3 pouces. Eddie Beaupré dit le géant Beaupré, né le 9 janvier 1881, succombe à une hémorragie pulmonaire à St. Louis, dans le Missouri, où il s’exhibe à l’Exposition universelle. Édouard Beaupré était un homme fort canadien né à Willow Bunch en Saskatchewan. Il s’est joint à une troupe de vaudeville à l’âge de 17 ans à titre d’homme fort.

Au moment de sa mort, il faisait partie du cirque Barnum & Bailey. Son corps fut embaumé, puis vendu à un musée de Montréal en 1905. Après la faillite du musée, le corps aboutit à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. En 1990 il fut transporté à Willow Bunch pour y être inhumé. Le Géant Beaupré fut l’inspiration d’une chanson du groupe québécois Beau Dommage.

(1986) La ville de Québec (Arrondissement historique du Vieux-Québec) devient la première ville d’Amérique du Nord inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Fondée par l’explorateur français Champlain au début du XVIIe siècle, Québec demeure la seule ville d’Amérique du Nord à avoir conservé ses remparts qui regroupent de nombreux bastions, portes et ouvrages défensifs ceinturant toujours le Vieux-Québec.

La Haute-Ville, située au sommet de la falaise, centre religieux et administratif, avec ses églises, ses couvents et autres monuments comme la redoute Dauphine, la Citadelle et le Château Frontenac, et la Basse-Ville, avec ses quartiers anciens, forment un ensemble urbain qui est un des meilleurs exemples de ville coloniale fortifiée.

(2002) Le petit Émile Jutras, qui vit depuis février avec un cœur artificiel à l’Hôpital de Montréal pour Enfants, a reçu avec succès un nouveau cœur mercredi matin. L’organe a été emmené du New Jersey par avion, vers 5h. Le délai entre le prélèvement du cœur chez le donneur et la transplantation ne devait pas dépasser six heures. Le jeune Émile est atteint d’une myocardite aiguë et survivait jusqu’ici grâce à un cœur mécanique.


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