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En 2020, selon Statistique Canada, chaque Québécois adulte a consommé 78 litres de bière, 24 litres de vin et 4 litres d’alcool, soit trois fois plus de bière que de vin et 20 fois plus que d’alcool. Il n’en a pas toujours été ainsi.
En campagne, sous le Régime français, où habite 80 % de la population, la hiérarchie de la consommation des boissons s’établit comme suit : 55 % préfèrent l’eau-de-vie, 24 % consomment du vin, surtout « en cas de maladie », et 11 % de la guildive (rhum); aucune demande pour la bière, car celle-ci est une boisson urbaine.
L’INTENDANT TALON VOULAIT LEVER LE COUDE !
Si la première brasserie date de 1634 à Québec, il faut tout de go avancer que les brasseurs sont peu nombreux en Nouvelle-France; au total, une quinzaine sont recensés dans les trois centres urbains et certainement quelques autres si les communautés religieuses masculines sont prises en considération.

Encore, faut-il ajouter que la céréale de prédilection, l’orge, est peu cultivée avant 1720 et encore moins le houblon. La bière représente en Nouvelle-France un mode de production artisanal, masculin, qui s’adresse à une clientèle d’hommes. Et ceci malgré le projet grandiose de l’intendant Talon…
Le but de Talon : réduire la consommation de vin et d’eau-de-vie importés et favoriser la consommation des grains locaux, une incitation pour les producteurs coloniaux à produire davantage. En effet, la prévision de consommation de grains est estimée à 12 000 minots.
Talon voir très grand : une production de 4000 barriques par année ou 900 000 L qui devaient être consommés pour une moitié dans la colonie, l’autre moitié étant exportée aux Antilles. Cette production équivaut à un ratio de 340 L par adulte ! La brasserie, achevée en 1670, cessera sa production en 1675; une aventure éphémère.
LE VENT TOURNE APRÈS 1760
Dès 1760, soit juste après la Conquête, la bière arrive à pleines barriques sur les quais de Québec. De fait, ce sont 430 000 L qui sont importés en cette première année de présence britannique, bière destinée aux 7000 militaires en garnison, ce qui représente 61,5 L par soldat.
Les Anglais sont de grands amateurs de bière : l’Angleterre, en 1760, compte plus de 42 000 brasseurs. Les chiffres d’importation confirment cet engouement; dans ce contexte, les brasseurs coloniaux ont peu de chance de tirer leur épingle du jeu.
Néanmoins, un jeune et dynamique Anglais du nom de John Molson, arrivé au pays en 1782, tentera sa chance à Montréal. Vers 1796, la production annuelle de la brasserie Molson se chiffre à quelque 245 000 L. Comparée à celle du projet de Talon, cette production n’équivaut qu’au quart.
Molson doit affronter plusieurs obstacles, notamment la concurrence britannique, mais aussi celle des rhumeries étrangères et québécoises – il existe trois rhumeries à Québec, et on parle d’une importation moyenne d’un million de litres entre 1761 et 1783.
COUPS DE POUCE SALVATEURS
Molson reçoit trois sérieux coups de pouce politiques entre 1783 et 1793 : le premier vient du fait que l’Angleterre ferme la porte aux importations de rhum américain; le second survient quand les approvisionnements de mélasse aux distillateurs de rhum québécois sont coupés, car le rhum doit rester un produit jamaïcain; et le troisième résulte de l’éclosion des guerres révolutionnaires en Europe, ce qui détourne la production de bière anglaise.
Après 1793, plus aucune importation de bière anglaise n’est consignée et à peine quelques barils de bière américaine le sont après 1826. Molson a donc le champ libre et il ne sera pas le seul à tenter sa chance.
En 1827, il existe 14 brasseries à Montréal, mais 17 ans plus tard, il n’en reste que 4 : celle de John Molson, celle de William Dow, Celle de Thomas Dawes et celle de Miles Williams, auxquelles se joint la Ekers l’année suivante. En 1863, la Dow brasse plus de 3 millions de litres et, quatre ans plus tard, Molson atteint le cap des 3 250 000 L.
À Québec, les activités brassicoles débutent vers 1791 avec la St. Roc Brewery, une distillerie, avant de trouver sa vocation. Elle change fréquemment de propriétaire, jusqu’à ce qu’elle tombe dans l’escarcelle de J. K. Boswell. Ce dernier commence à travailler pour les brasseurs John et Benjamin Racey, qui exploitent notamment la Cape Diamond Brewery jusqu’en 1824, laquelle deviendra également la propriété de Boswell en 1843.
Boswell possède aussi ses propres installations au pied de la côte du Palais, à proximité de l’ancienne brasserie de Talon, dont il louera éventuellement les voûtes.
LES SORTES DE BIÈRE
Les premières bières importées sont principalement des porters et des stouts, des bières foncées et fortes qui supportent bien la traversée transatlantique, quoique quelques ales soient aussi du voyage à l’occasion, comme la Yorkshire ale et la Burton ale, une bière forte, ambrée et sucrée qui nécessite quelques mois de maturation en cave.
Les bières locales comme les ales de Molson, à maturation rapide, semble trouver preneur rapidement. Au milieu du XIXe siècle, J. K. Boswell brasse des porters et des Burton ales et des India pale ales – une bière pâle, amère et plus alcoolisée –, qu’il destine à l’exportation, aussi bien en Inde qu’aux États-Unis.
LES FUSIONS DU XXE SIÈCLE
En 1909. Molson atteint le palier des neuf millions de litres, mais elle doit par la même occasion affronter un regroupement de brasseurs du Québec, la National Breweries, qui regroupe les plus importantes brasseries du Québec, notamment pour Montréal, Dawes, Dow et Ekers.

Trois autres petites se joignent au regroupement. Mais ce ne sont pas les seules : à l’extérieur de Montréal, la brasserie Douglas de Sainte-Thérèse et la plupart des brasseries du Québec rejoignent le regroupement, par exemple la brasserie de Beauport, la Fox Head Brewery, de Georges Amyot, la Proteau et Carignan,
A celles-ci, se rajouteront de J. K. Boswell. Seule la brasserie Champlain de Québec, de Georges Couillard, n’en fait pas partie.
Ce n’est qu’en 1913 que Joseph Beaubien fonde la première brasserie Frontenac, dans le quartier du Mile End. Cette dernière ne résistera pas longtemps au conglomérat et, en 1926, elle sera absorbée par la National Breweries. En 1951, la National est absorbée par un plus gros conglomérat que sont les Canadian Breweries, dont le porte-étendard sera la Dow, qui possède 51 % des parts du marché de la bière à cette époque.
En 1989, O’Keefe et Molson fusionnent, créant ainsi la plus grande brasserie canadienne et le cinquième brasseur mondial.
Source : Yvon Desloges, historien, Le Journal de Montréal, cahier Weekend, 2 septembre 2023, p82
251e jour de l’année
Vendredi, 8 septembre 2023
On célèbre aujourd’hui…
LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE L’ALPHABÉTISATION
LA JOURNÉE MONDIALE DE LA PHYSIOTHÉRAPIE
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LA FÊTE NATIONALE À ANDORRE

En mémoire de…
Elizabeth II 1926-2022 – Reine du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord et de quatorze autres États souverains appelés royaumes du Commonwealth.

Une année de plus sur le chemin de la vie pour…
Marc Kane
Bon anniversaire !
On jase là…
Ne vous demandez plus pourquoi les piétons sont à risque la nuit venue. Ils ont des écouteurs aux oreilles, n’entendent rien, sont tous habillés de vêtements foncés et n’ont jamais de lampe de poche pour au moins attirer l’attention des automobilistes et signaler leur présence. Incroyable !
Pensée et citation du jour
Le progrès est impossible sans changement, et ceux qui ne peuvent jamais changer d’avis ne peuvent ni changer le monde ni se changer eux-mêmes.
George Bernard Shaw
Ça s’est passé un 8 septembre…
(1760) Les Articles de capitulation de Montréal sont négociés entre le Gouverneur-Général de la Nouvelle-France, Pierre de Cavagnal, Marquis de Vaudreuil et le Major-Général Jeffrey Amherst au nom des couronnes française et britannique. La signature du document rédigé en français a lieu ce jour, selon les croyances sur le Chemin Côte-Des-Neiges. Puis, à l’île Sainte-Hélène, devant la ville de Montréal, François de Lévis, commandant militaire, rend les armes, brûlant ses drapeaux au lieu de les remettre aux Anglais.
(1914) Le camp militaire de Valcartier, près de Québec, ouvre ses portes pour accueillir les volontaires canadiens. En quelques jours, 32 500 officiers et soldats sont prêts à débuter l’entraînement avant d’entreprendre la traversée de l’océan en vue de la participation de la flotte canadienne à la guerre en Europe. Dès le départ, un problème de taille se pose alors que la majorité des officiers, qui ne parlent que l’anglais, se retrouvent en face de Canadiens français unilingues.
(1964) Le groupe de musique populaire britannique Les Beatles se produit pour la première fois au Forum de Montréal. Les quatre musiciens (Paul McCartney, John Lennon, George Harrison, Ringo Starr) arrivent sur scène avec chemise blanche, cravate et pantalons étroits. Le public du Forum est en délire et les forces de l’ordre doivent intervenir près d’une trentaine de fois pour secourir les jeunes filles qui s’évanouissent d’émotion.
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