Un pan de notre histoire : Sauvé par une opération révolutionnaire en 1957

La Une

Un homme sauvé par une intervention cardiaque révolutionnaire il y a 68 ans parle de cet exploit qui a permis de traiter à Montréal une anomalie mortelle qui n’était soignée que dans quelques hôpitaux dans le monde.

« Mon espérance de vie n’était que de cinq ou six ans quand on a proposé à mes parents une intervention jamais réalisée au Canada pour soigner ma malformation au cœur, confie au Journal Pierre Whissel, aujourd’hui âgé de 78 ans. Je me souviens que mon père a dit : on n’a pas vraiment le choix ! »

Entré le 3 juillet 1957 dans la salle d’opération de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) où l’attendaient une douzaine de médecins en plus des infirmières et autres membres du personnel soignant, il en est ressorti 12 heures plus tard avec un cœur remis à neuf.

« J’ai eu beaucoup de chance et je dois tout aux médecins qui ont réalisé cet exploit », dit l’homme qui a fait carrière dans la fonction publique fédérale avant de prendre sa retraite en 2007.

SANG MAL OXYGÉNÉ

Dès la petite enfance, Pierre avait de la difficulté à respirer, particulièrement à l’effort. Ces symptômes ont d’abord été associés à des problèmes pulmonaires jusqu’à ce qu’un médecin avisé y soupçonne un problème cardiaque et l’oriente vers l’Institut de cardiologie de Montréal, fondé deux ans plus tôt par le Dr Paul David. Cet établissement spécialisé n’était pas dans l’immense immeuble actuel, mais dans une section de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

La malformation congénitale de l’enfant faisait en sorte que le sang mal oxygéné se mélangeait au bon, ce qui empêchait le cœur de fonctionner efficacement. « On avait dit devant moi que je n’atteindrais pas l’âge de la puberté », se souvient le natif de Varennes.

Pendant un an, l’équipe a élaboré le protocole d’intervention pour tenter la circulation extracorporelle, une première au Canada.

« Cette intervention a permis de faire un bond de géant dans le traitement des cardiopathies congénitales », commente le Dr François Reeves, cardiologue et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Aujourd’hui courante, la circulation extra corporelle était très peu pratiquée à l’époque, mentionne le Dr Reeves.

Au moins 12 heures d’anesthésie ont été nécessaires pour l’intervention consistant à extraire le sang de l’organisme pour le faire circuler dans une pompe externe (un « cœur artificiel ») pendant que le médecin suturait les parois ventriculaires à l’origine de la malformation. Il a fallu ensuite reconnecter les artères et remettre le sang dans l’organisme de l’enfant.

CHARGÉE D’ÉMOTION

Des médecins ont dormi à ses côtés pour le surveiller et tout le monde a poussé un soupir de soulagement quand l’enfant a retrouvé ses esprits.

L’atmosphère était chargée d’émotion à son réveil, relate l’homme qui est aujourd’hui père de deux enfants et grand-père cinq fois.

Cet amateur d’opéra se souvient que la semaine suivant l’opération a été une des plus heureuses de sa vie. Une infirmière répondait à ses moindres désirs et il pouvait écouter en boucle, Aïda, de Verdi, sur un tourne-disque qu’il avait reçu en cadeau

LE Dr PAUL DAVID ORCHESTRE LA PREMIÈRE GREFFE CARDIAQUE AU CANADA

En 1954, le Dr Paul David fonde, avec les Sœurs de la Charité, l’Institut de cardiologie de Montréal qui devient vite un des centres majeurs du pays en matière de traitement des maladies cardiaques.

« Je me souviens d’un homme souriant et généreux. Sa porte était toujours ouverte », se souvient Pierre Whissel qui a été hospitalisé à l’Institut au lendemain de son opération en 1957. Avec d’autres enfants en convalescence, il explorait tous les recoins de l’hôpital et c’est ainsi qu’il a fait la connaissance du fondateur. Celui-ci ne se formalisait pas de voir des enfants envahir son espace de travail.

Père de six enfants incluant la cofondatrice de Québec solidaire, Françoise David, l’ancienne libérale Hélène David et le politicologue Charles-Philippe David, Paul David (1919-1999) venait lui-même d’une famille nombreuse comptant des personnalités qui ont marqué l’histoire du Québec, dont Louis-Olivier David et Athanase David.

« Papa était un homme très occupé qu’on ne voyait pas beaucoup, sauf durant nos vacances d’été à Kamouraska », se souvient sa fille, Thérèse, qui a fait carrière dans le milieu des relations publiques.

Formé en médecine à l’Université de Montréal en 1944, Paul se spécialise en cardiologie à Paris et à Boston. Il passe à l’histoire pour avoir participé à la première greffe cardiaque du Canada en 1968. Ce n’est pas lui qui tient le scalpel, mais il prête ses talents de vulgarisateur au nom de ses collègues pour cette percée majeure en cardiologie.

L’Institut de cardiologie de Montréal, qui célèbre cette année ses 70 ans, a soigné des milliers de patients. On y a mené pour la première fois au monde plusieurs interventions délicates comme la coronographie par voie fémorale, en 1964, et la cryoablation (ablation par le froid) des arythmies, en 1999

Source : Mathieu-Robert Sauvé, Journal de Montréal, cahier Weekend, 2 mars 2024, p74.


68e jour de l’année

On célèbre aujourd’hui…

LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES


Une année de plus sur le chemin de la vie pour…

Nicole Lebrun

Bon anniversaire !


On jase là…

La nouvelle usine Northvolt va-t-elle être obligée de franciser son nom, ou va-t-elle obtenir la bénédiction de Ti-Pierre Fitzgibbon et Frank Legault ?


Pensée et citation du jour…

À force de remettre à plus tard, la vie nous dépasse.

Sénèque


Ça s’est passé un 8 mars…

(1977) Première Journée nationale officielle de la femme. Cette journée est issue de l’histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain. En 1977, le 8 mars, la journée est officialisée par les Nations unies, invitant chaque pays de la planète à célébrer une journée pour les droits des femmes.

(2006) Dans le cadre de la Journée de la femme, la revue Châtelaine a demandé à ses lectrices qui était, selon elles, la femme de l’année et leur choix s’est arrêté sur Nathalie Simard. Pour son courage, sa détermination et sa persévérance, les lectrices ont voté massivement pour la chanteuse qui est devenue un symbole pour toutes celles qui refusent de rester des victimes de leur malheur. La députée provinciale Fatima Houda-Pepin, qui a convaincu l’Assemblée nationale de rejeter l’idée de tribunaux islamiques au Québec, ainsi que la comédienne Hélène Bourgeois Leclerc ont aussi été choisies parmi les femmes de l’année du magazine Châtelaine.

(2018) Les patineurs de vitesse sur courte piste Marianne St-Gelais et Charles Hamelin ont annoncé jeudi qu’ils mettaient fin à leur relation de couple, dans un bref communiqué. Après avoir partagé 10 ans de nos vies ensemble et vécu de grands moments personnels et sportifs, nous restons en très bons termes », peut-on lire dans leur communiqué.


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