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Histoire
Depuis l’élection de novembre 2024, le président Trump est revenu à la charge à maintes occasions en manifestant son désir que le Canada devienne le 51e État américain.

Déjà à l’époque des colonies anglaises et françaises, les colons britanniques lorgnaient le territoire au nord et les affrontements se sont multipliés.
Après la naissance des États-Unis en 1776, ces intentions d’expansion ont persisté. Si au Canada les désirs d’être annexé n’ont jamais rejoint un grand nombre d’adeptes, chez nos voisins du Sud l’idée n’est jamais totalement disparue.
Ce qu’on croit que Donald Trump espère obtenir d’une annexion du Canada trouve donc ses origines dans l’histoire et il n’est pas le premier à manifester cette volonté.
DES INTÉRÊTS ÉCONOMIQUES
Même s’il s’exprime cavalièrement et sans égard pour les règles élémentaires de la diplomatie ou du droit international, ce qui ressort des récentes déclarations du président n’a rien de bien original.
Le premier intérêt des colons anglais ou des Américains fut le développement économique, l’accès aux nombreuses ressources du territoire.
Qu’il s’agisse selon les époques du commerce des fourrures, des eaux poissonneuses, des terres cultivables, des ressources forestières, de l’eau potable ou encore de l’accès aux ressources hydroélectriques et minières, les bénéfices d’une annexion sont évidents.
Ce qui a changé au fil des ans, c’est le statut du territoire. Pendant longtemps, c’est avec l’Empire britannique que les États-Unis devaient en découdre, mais aux 20e et 21e, le Canada affronte seul la bourrasque.
UNE IMPORTANCE STRATÉGIQUE
L’intérêt de nous annexer ne concerne pas que les ressources dont regorge le Canada. Un autre aspect doit aussi être traité à part : le territoire canadien revêt un caractère stratégique pour les États-Unis.
Uniquement pour les transports et la circulation des marchandises, nous demeurons une porte d’entrée pour l’Amérique. Depuis fort longtemps nous négocions la navigation sur le Saint-Laurent et l’accès aux Grands Lacs, élaborons des projets communs et gérons la plus longue frontière du monde. Ce n’est pas pour rien qu’on discute de libre-échange (ou de réciprocité) depuis 1854 et que nos services de renseignements et notre force militaire collaborent depuis longtemps.
Le président Trump semble d’ailleurs oublier que nos deux pays se retrouvent à l’OTAN et que depuis 1958, NORAD assure la protection du Canada et des États continentaux américains.
UNE QUESTION DE PROTECTION
Comme cela s’est produit par le passé, Donald Trump invoque la menace que représentent certains pays pour appuyer son projet d’annexion.
Si aux 19e et 20e siècles on s’est inquiété pour la côte ouest ou le Nord en raison de la présence des Espagnols, des Français, des Russes, ou dans un passé pas si lointain, de l’Union soviétique, le 47e président mentionne maintenant qu’il faut assurer une meilleure sécurité face à l’expansion de la Chine ou, une fois de plus, à la présence russe.
Il est paradoxal de constater que des membres de son administration nient les changements climatiques alors que ce sont précisément les effets de ce réchauffement qui rendent la protection du Grand Nord aussi primordiale.
Source : Luc Laliberté, historien, Journal de Montréal, cahier weekend, 11 janvier 2025, p67