L’attente qui tue

Le texte qui suit est signé Isabelle Maréchal et a été publié dans les pages d’opinions du Journal de Montréal, édition du 17 septembre 2012. Je veux le partager avec vous, puisqu’à mon avis, il reflète bien ma pensée sur notre système de santé, particulièrement envers les malades atteint de cancer qui vivent un stress incroyable après un diagnostique atterrant. C’est une situation inacceptable aujourd’hui qui mérite d’être dénoncée et tout doit être mis en œuvre pour supprimer les délais d’attente. C’est une question de vie ou de mort.

Jennifer a 24 ans et toute la vie devant elle. Ça s’était avant que son médecin lui annonce une tumeur au cerveau. Depuis, c’est le noir. L’attente.

Pas de nouvelle de l’hôpital pour ce scanner qui va évaluer l’ampleur des dégâts. Une attente infernale qui lui ronge les sangs. Seule avec sa peur, Jennifer se demande pourquoi elle, pourquoi si jeune? Va-t-elle mourir avant même d’avoir commencé à vivre? Là aussi, silence radio. Pas de réponse devant l’inexplicable verdict qui tombe sur une personne sur trois au Québec. Le cancer est une fatalité.

Aujourd’hui, c’est Jennifer. Demain c’est vous et moi.

Ce qui choque avec cette foutue maladie, ce n’est pas tant son côté purement aléatoire que l’incapacité de notre système de santé à l’humaniser.

Pourquoi sommes-nous si lents à traiter ceux qui en souffrent dans un délai raisonnable? Comment ose-t-on leur dire de prendre un ticket et d’attendre au risque de rater le dernier train? Nous devrions tous être pris d’un haut-le-cœur collectif devant ce mauvais traitement qui n’est d’ailleurs pas réservé qu’aux cancéreux.

PRENDRE SON MAL EN PATIENCE

Le Québec est une liste d’attente qui n’en finit plus de s’allonger. On attend pour un médecin de famille, une biopsie ou une opération du genou. On prie pour que la secrétaire nous rappelle, que le spécialiste ne soit pas en vacances, que la salle d’opération soit disponible et qu’on ne nous annule pas la veille.

LA TUMEUR N’ATTEND PAS

Il paraît qu’une tumeur au poumon double de volume en 121 jours. La tumeur n’attend pas, elle! Elle n’a que faire des listes, des procédures et des bureaucrates qui prétendent gérer notre système de santé.

Contrairement à d’autres provinces, le Québec n’a aucune stratégie nationale de lutte contre le cancer. Les cancéreux font les frais d’un manque total d’organisation. C’est inacceptable d’attendre quatre mois pour une biopsie dans un hôpital alors que dans la ville d’à côté, on traite le même cas en un mois.

Combien de « trop » patients sont-ils devenus incurables à cause des délais encourus pour des motifs purement administratifs?

Mon amie Johanne a combattu un cancer du côlon. Douze semaines de chimio, trois chirurgies, à peine un an de répit et revoilà ce putain de cancer! Mauvais joueur, il n’aime pas perdre. Une récidive, ça « fesse » deux fois plus fort. Le cas de Johanne a été transféré dans un autre hôpital. Dans les dédales du système, trois mois se sont écoulés avant qu’elle puisse voir un oncologue qui va l’opérer en février 2013. C’est dans CINQ MOIS ! Johanne veut crier, dire qu’elle ne veut pas mourir. « Prenez un ticket, Mme Fontaine, et calmez- vous! »

« TROP TARD »

La femme de Jean- Guy a attendu neuf mois sur une liste avec son cancer. « C’est drôle, dit Jean- Guy sans rire, le matin de sa mort, l’hôpital a téléphoné pour nous donner sa date de l’opération. J’ai dit que c’était trop tard. »

Jennifer attend toujours son scan. Et nous qu’attendons-nous? À la veille de la nomination d’un autre ministre de la Santé, le 10e en 20 ans, dénonçons ce système qui nous coûte la peau des fesses, qui nous sert mal, qui nous trie à l’urgence comme du bétail, qui nous dit de prendre notre trou alors que la mort rôde.

C’est un système inhumain, indigne de ce que nous sommes.

2 commentaires sur “L’attente qui tue

  1. Lorsque des gens sont dans une attente qui met leur santé à risque, je les invite à consulter le site de Service Santé International : http://www.hsi-ssi.com
    Vous pourrez consulter ce que leurs services peuvent faire pour vous, si votre cas peut-être traité à Cuba, pour une fraction du coût de ce que ça coûte au Québec ou au Canada. La personne aura toute l’information pour prendre sa décision.. Le gouvernement Cubain a développé une série de cliniques médicales très bien équipées, où vous aurez droit à une interprête si requis. Ne laissez pas votre vie en danger…

    J’aime

  2. En sommes-nous maintenant rendu à être soigné ailleurs? C’est la triste réalité. Et en plus ça nous coûte la peau des fesses! Pas de quoi être fier. Tout le monde a une solution mais personne n’a le courage de l’appliquer.
    À la r’voyure….

    J’aime

Répondre à Le blog de Lise Annuler la réponse.