Eugénie l’assimilée

Eugenie-BouchardC’est sous ce titre criant de vérité que Mathieu Bock-Côté coiffait son article de jeudi sur cette beauté talentueuse du tennis féminin qu’est Eugénie Bouchard, dit Genie. Hélas, elle renie énergiquement son origine québécoise francophone, et le papier de ce blogueur du Journal de Montréal exprimait également et entièrement ma pensée. Si vous ne l’avez pas lu, voici mon occasion de vous le partager.

Officiellement, elle s’appelle Eugenie Bouchard. Mais elle n’aime pas qu’on l’appelle ainsi. Son nom courant, c’est Genie.

Et même si elle s’appelle Bouchard, elle ne sait pas trop quoi faire de ses origines québécoises. Elle l’a déjà confessé en conférence de presse en 2014 : elle est fière de ne pas avoir l’accent québécois. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne l’a pas. En fait, elle parle un français laborieux : pour elle, c’est manifestement une langue étrangère. C’est normal : Eugenie Bouchard est ce qu’on appelait autrefois une assimilée.

CULTURE
Qu’est-ce qu’un assimilé? C’est quelqu’un qui est né québécois, mais qui s’est laissé dévorer par la culture anglophone nord-américaine. C’est un Québécois devenu un anglophone nord-américain comme les autres. Autrement dit, c’est un Québécois chez qui l’identité s’efface, sauf à étendre la définition de ce terme jusqu’à le rendre insignifiant. L’assimilé a abandonné le français pour l’anglais.

Dans notre histoire, nous avons longtemps redouté l’assimilation. On y voyait une perte d’identité. On craignait que l’Amérique du Nord anglophone finisse par nous avaler et nous fasse perdre notre personnalité culturelle. C’est ce qui est arrivé à Genie, qui se sent américaine. Mais aujourd’hui, on veut y voir une chance. L’assimilé a tiré le gros lot : il parle anglais sans accent!

J’entends la réplique prévisible : «On ne saurait distribuer des certificats de bon ou de mauvais québécois». Ça va de soi. Il y a plusieurs manières d’appartenir au Québec. Mais à cause de son importance médiatique, on peut quand même réfléchir à Eugenie Bouchard comme symbole culturel. L’identité, quoi qu’on en dise, n’est pas seulement un phénomène individuel. C’est une réalité collective.

Voici une jeune femme qui anglicise son prénom, qui préfère l’anglais, systématiquement l’anglais, au français dans ses communications publiques et qui témoigne d’un mépris pour son pays d’origine. Mais les Québécois sont tellement heureux de voir une femme qui vient de leur pays briller sur la scène du tennis mondial qu’ils font semblant de ne se rendre compte de rien. Comme d’habitude, ils s’enfouissent la tête dans le sable et ils appellent fièrement ça de la sagesse.

Comprenons-nous : je ne nie certainement pas le talent de Genie! C’est une joueuse de tennis exceptionnelle et je ne doute pas qu’il s’agisse d’un être humain d’une richesse de cœur remarquable.

CONTRE-MODÈLE
Eugenie Bouchard est un modèle sportif inspirant. Mais c’est un contre-modèle identitaire. Le jour où tous les Québécois ressembleront culturellement à la belle Genie et seront, comme elle, passés du français à l’anglais, le Québec n’existera tout simplement plus. Ce sera une région nord-américaine parmi d’autres.

Le jour où l’anglais sera notre première langue et le français, la langue de nos grands-parents, nous aurons perdu la grande bataille menée depuis 250 ans pour survivre et nous émanciper. Quand Mathieu deviendra Matthew, Pierre, Peter et André, Andrew, c’est que le peuple québécois sera un peuple mort. Il agonise déjà, d’ailleurs. Mais il agonise en souriant.

2 commentaires sur “Eugénie l’assimilée

  1. La belle Eugénie, sûrement la meilleure joueuse depuis des lunes au Québec , mais qui a une très mauvaise attitude, avoir du talent c’est une chose, mais ça prend plus pour gagner et allé
    Plus loin, quand ton coach te parle et que tu ne le regarde meme pas, à mon avis c’est un manque de respect total, pour gagner faut persévérer , quelqu’un devrait lui dire si elle lui laisse la chance de l’écouter , le talent est la aucun doute mais son mental est à retravailler sans aucun doute si elle veut aller plus loin

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