Pourquoi dit-on…? (Partie 1)

Voici quelques expressions du quotidien, mais qu’en est-il de leur histoire ?

FRAPPER DE PLEIN FOUET

Lorsque quelqu’un ou quelque chose est frappé de front et avec violence, on peut dire que la cible le reçoit « de plein fouet ».

Une expression qui est apparue au début du XIXe siècle, dans le domaine militaire. À l’époque, sur les champs de bataille, les généraux ordonnaient parfois aux soldats de l’artillerie de tirer « de plein fouet » avec leurs canons.

Il s’agissait alors de réaliser un tir direct – donc horizontal et non en cloche – sur une cible visible. Mais à l’époque, le mot PLEIN s’écrivait en réalité PLAIN, qui était alors synonymes de direct et sans obstacle (du latin « planus », comme dans l’expression actuelle « de plain-pied »).

Le fouet, lui, faisait référence à l’objet en cuir, qui est évoqué au sens figuré pour symboliser la force et la rapidité avec lesquelles le tir de la troupe frappait son ennemi. L’expression a perduré depuis, mais a perdu sa connotation militaire avec le temps.

METTRE SON GRAIN DE SEL

Expression récente du XXe siècle, elle viendrait d’une traduction du latin « cum grano salis » qui signifiait « avec un grain de sel ».

Ici, le « grain de sel » doit être compris comme une « contribution active » mais peu souhaitée, sans que l’origine du sens négatif ou péjoratif ne soit connue.

ÊTRE UN OURS MAL LÉCHÉ

L’expression avec sa signification actuelle, date du XVIIIe siècle.

Au XVIIe siècle, elle désignait un homme au physique ou un comportement grossier, puisqu’il était connu à l’époque, que le bébé ours, né informe, était façonné par sa mère qui le léchait abondamment.

Et l’ours, étant un animal solitaire, celui qui fuit la société l’est aussi.

UN POT-POURRI

De nos jours, le terme est très loin d’être flatteur puisqu’il désigne des choses peu ragoûtantes, extrêmement dégradées et même décomposées. Mail il n’a pas toujours eu se sens négatif.

Le mot apparaît chez Rabelais en 1564.

Il désigne un ragoût, comprenant plusieurs sortes de viandes et de légumes mélangés. Notez qu’il y avait déjà la notion de mélange homogène.

On comprend bien la présence de pot, puisque le mot désignait déjà ce grand récipient suspendu dans la cheminée où l’on préparait la tambouille familiale.

Mais pourquoi pourri ?

Cela vient simplement du fait qu’au XVIe siècle, étaient « pourris » les aliments très ramollis et éclatés à la suite d’un excès de cuisson, comme l’étaient les ingrédients du ragoût volontairement laissé longtemps sur le feu.

Après le ragoût, et au figuré, le mot, quelques années plus tard, a désigné un assemblage de choses disparates, comme un ouvrage littéraire évoquant des sujets très divers; à la fin du XVIIe siècle, un mélange de plantes et de sels broyés donnait un parfum portant le même nom qui, par métonymie, a aussi désigné le récipient contenant ce mélange généralement destiné à parfumer une pièce.

C’est au début du XIXe siècle qu’il désigne également une musique composée de morceaux issus de sources différentes. Ne nous en sont principalement restés que les assemblages d’éléments littéraires, picturaux ou musicaux variés.

L’ERREUR EST HUMAINE

Cette expression est la traduction approximative de la locution latine « errare humanum est » (« se tromper est humain ») qui est la version raccourcie de « errare humanus est, perseverare diabolicum » (« se tromper est humain, persévérer est diabolique »).

Elle signifie qu’il est parfaitement normal que l’homme puisse se tromper. Mais si se tromper une fois est parfaitement excusable, il devient impardonnable de persévérer ou, autrement dit, de reproduire la même erreur.

Si l’homme est imparfait et donc forcément faillible, nous sommes censés apprendre de nos erreurs.

Voilà donc une excuse que l’on est bien content de pouvoir faire sienne lorsqu’on a commis une bévue, la première fois où on la commet.

Cette expression est généralement attribuée à Sénèque, même si certains la considère comme postérieure, le latin de cette époque n’utilisant généralement par le terme diabolique, paraît-il.

Cela dit, quand bien même serait-elle vraiment de Sénèque dans la version que nous utilisons encore aujourd’hui, on trouve d’autres formes de la même affirmation chez Tite-Live (cinquante ans plus vieux que Sénèque) ou Cicéron (encore cinquante ans plus âgé que Tite-Live).

TRIER SUR LE VOLET

Cette expression qui signifie choisir rigoureusement, tire ses origines de l’agriculture céréalière au Moyen Age.

Le volet était alors utilisé pour fabriquer le tamisafin de tirer le grain.

Le terme « volet » a ensuite évolué au XVe siècle pour désigner l’assiette en bois dans laquelle les femmes triaient les pois et les fèves selon leur fraîcheur, leur taille et leur forme.

À cette époque, François Rabelais avait lui-même utilisé dans Pantagruel l’expression « triés comme beaux pois sur le volet ». Les beaux pois ont finalement disparu du langage courant.

À suivre…

Un commentaire sur “Pourquoi dit-on…? (Partie 1)

  1. Bonsoir,
    Intéressant ton billet, je n’en connaissais que quelques-unes (  »trier sur le volet, » un ours mal léché  »  » frapper de plein fouet  » )
    Bonne soirée,
    à bientôt

    f;

    J’aime

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