Zing et Zang

La Une

Voici le quatrième conte de Noël de 2022. Spécialement pour les grands au cœur d’enfant…

Ils se connaissaient depuis des siècles. On ne rencontrait jamais l’un sans l’autre. Étaient-ils jumeaux ou frères, amis très proches ou simples copains ? Nul ne le sait. Les anges habitent le paradis depuis si longtemps.

Ces deux-là semblaient les plus heureux des petits anges. Ils passaient leurs journées à se balader dans les nuages, dévalant les pentes des cumulus, glissant sur les cirrus comme des patinoires, culbutant d’un stratus à l’autre ou jouant à cache-cache derrière les nimbus. Le soir, ils s’endormaient, repus, serrés l’un contre l’autre sur le rayon d’un coucher de soleil, regardant les étoiles s’allumer une à une.

Ils avaient aussi une grande passion pour la musique classique. Un jour, Zing avait trouvé un violon sous un arc-en-ciel. Il l’avait aperçu de loin, brillant de mille feux. Bien sûr, il s’agissait d’un violon magique : on n’avait qu’à glisser l’archet sur les cordes pour que naissent les plus beaux concertos à avoir jamais été composés. Parfois, les lignes musicales émanant de ce violon descendaient jusque chez les hommes, en bas sur la terre, et s’infiltraient dans le cœur de ceux qui recherchaient la beauté. Les sons s’avéraient si purs et si profonds qu’ils apaisaient toutes les angoisses dont souffraient parfois les pauvres humains.

Zang, lui, avait décroché sur un croissant de lune un collier de perles roses qu’il s’était empressé de déposer sur sa tête comme une couronne. Aussitôt, il s’était mis à chanter des arias, des oratorios, des odes à la joie comme on n’en avait jamais entendus, pour les siècles des siècles. Il arrivait souvent que sa voix douce se mêle à celle d’une maman chantant une berceuse pour son enfant ou à celle d’un poète murmurant une chanson d’amour ou une prière.

Le soir, le bon Dieu faisait parfois venir ses deux petits anges auprès de son trône et leur demandait de jouer et de chanter pour lui.

– J’ai eu une si dure journée, disait-il. Les hommes ne m’ont laissé aucun répit aujourd’hui : plein d’incendies, de querelles, d’accidents. Il suffit que je règle une famine quelque part pour qu’ils commencent une guerre ailleurs, ou bien que je débarrasse un pays de son dictateur pour qu’il s’en présente un autre, Quant à réconcilier des amis, ce n’est pas toujours une sinécure ! Ah ! ils m’en donnent du fil à retordre, ces chers humains ! J’ai beau allumer des lumières dans le regard des enfants, et voiler de sérénité celui des vieillards, on dirait qu’ils ne sont jamais contents ! Joue pour moi, mon beau Zing, et chante pour moi, mon cher Zang, et que votre musique m’emporte de l’autre côté de l’éternité !

Alors les deux petits anges inventaient des largos et des andantinos pour consoler le Seigneur. Il n’était pas rare que celui-ci s’endorme enfin paisiblement, sa vieille barbe grise appuyée sur sa large poitrine de bon Dieu.

***

Cette nuit-là, 24 décembre, il y avait du remue-ménage au paradis : on préparait une grande fête avec chœurs et violons du Roi. Zing et Zang devaient même se produire devant la crèche. On les avait chargés d’endormir le petit Jésus si jamais madame Marie se sentait lasse. Tout semblait prêt, on n’attendait que minuit.

Déjà, les chérubins avaient commencé à répandre tout doucement une belle neige blanche sur la terre. On pouvait même entendre des Alléluia monter des plus belles cathédrales du monde. Les petits enfants, quant à eux, n’arrivaient pas à s’endormir car ils savaient que bientôt, tous les arbres de Noël s’illumineraient et que ceux qui s’étaient montrés sages (et même les autres !) trouveraient sous les branches des sapins des tonnes de surprises. Au pôle Nord, le chariot du père Noël était chargé et attelé, prêt à démarrer.

C’est à cet instant précis que survint le drame : on constata la disparition du père Noël ! Désespérée, sa femme et les lutins le cherchaient partout. Impossible de le trouver.

– Il est presque onze heures ! Il faudrait qu’il parte au plus vite, se lamentait-elle. Noël commence dans quelques minutes et on ne peut pas se passer de la présence du père Noël ! Ce serait une véritable catastrophe sur la planète. Que deviendraient les enfants sages aux rêves naïfs ? Et les amoureux ? Et les amis ? Les familles qui s’offrent des petits présents pour manifester leur amour ? Et les pauvres ? Tous ceux-là qu’on ne songe à gâter qu’à Noël ? Ah ! Seigneur, faites quelque chose !

C’est le grand archange en chef qui transmit à Dieu le message pressant de la terre. Ce dernier, en bon Père de l’humanité, envoya de toute urgence ses hordes d’anges à la recherche du père Noël, Ils ne mirent pas de temps à le trouver, profondément endormi au fond de son atelier de jouets, sous le banc de menuiserie, couché sur le dos, bedaine en l’air avec son gros chat ronronnant tout contre lui.

– Hé ! père Noël, levez-vous ! Il ne reste que quelques minutes avant que la grande horloge ne sonne minuit !

Mais le vieux bonhomme ronflait de plus belle. Il n’y avait rien à faire, pas moyen de le tirer de son sommeil. Quelqu’un lui avait-il donné un somnifère ? Les anges revinrent en toute hâte chez le bon Dieu pour lui expliquer que l’humanité devrait se priver du père Noël, cette année-là, car il semblait impossible de le remettre sur pied !

– Envoyez Zing et Zang au pôle Nord de toute urgence ! ordonna Dieu le Père.

C’est ainsi qu’à nos deux angelos échut la terrible mission d’aller réveiller le père Noël. Aussitôt arrivés auprès de lui, ils se mirent à faire de la musique : romances, sérénades, barcarolles, rien n’y fit. Le père Noël roupillait toujours.

– C’est ta faute, Zing, tu joues avec trop de douceur !

– Non, c’est toi, Zang, tu as une voix trop angélique ! Que faire, grands dieux, que faire ?

– Et si on jouait autre chose que de la musique classique ! Si on essayait de jouer du rock ?

– Ah ! oui, du rock ! Ça c’est une bonne idée ! Ça fait vraiment plus de vacarme !

Ils eurent beau tenter d’imiter Led Zeppelin et Elvis Presley, l’archet magique refusait obstinément d’émettre autre chose que de tendres adagio,cantabile qui faisaient ronfler le père Noël encore plus fort. Et malgré lui, Zang ne cessait de chanter de doux airs d’opéra d’une voix de soprano dès qu’il coiffait la couronne de perles.

– Ça me prendrait une guitare électrique. À tout le moins un violon électrique !

– Juste ciel, j’ai une idée ! Et si on jetait l’archet et le collier dans la cheminée, on pourrait peut-être arriver à produire de la vraie musique rock comme celle des Rolling Stones ?

– Penses-y Zing… Si on se débarrasse de l’archet et des perles, on ne pourra plus jamais jouer pour le bon Dieu.

– N’y pense pas ! Pour l’instant, il faut absolument sauver la fête de Noël chez les humains.

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Nos deux anges jetèrent le collier et l’archet au feu et commencèrent alors à faire des expériences musicales de tous genres. Zang chantait maintenant à tue-tête et à contre-temps d’une voix tout à fait éraillée, et Zing arrivait à jouer de la guitare sur son violon sans archet. Sur des rythmes endiablés, ils firent éclater dans l’air des hard rock d’enfer, des tunes heavy metal ensorcelés, des raps diaboliques. Ils s’amusaient tellement qu’ils en oublièrent le père Noël qui dormait juste à côté. Évidemment, ils firent un tel tapage que celui-ci finit par ouvrir un œil. Enfin !

– Dieu du ciel, qu’est-ce qui se passe ici ? Un ouragan ? Une tempête ? Un tremblement de terre ? Le diable est-il venu me visiter ? Ouille, mes pauvres oreilles !

– Vite, père Noël, réveillez-vous ! Des millions d’enfants vous attendent !

En quelques secondes, les deux anges avaient épousseté la tuque du vieux bonhomme pas encore tout à fait réveillé, peigné sa barbe et ajusté ses bottes. Ils l’installèrent sur son grand traîneau et le regardèrent partir à la hâte, en lui envoyant mille baisers du bout des doigts. Dieu merci, il était enfin en route !

Il passait quelque peu minuit lorsque Zing et Zang retournèrent au paradis. Déjà, la fête battait son plein et on entendait retentir des Gloria in Excelcis Deo à travers les nuages. Dieu fit revenir à l’instant les deux anges auprès de lui pour les féliciter et les remercier. À leur grande surprise, il leur rendit l’archet et le collier de perles qu’ils avaient jetés dans le feu de la cheminée, ainsi qu’une jolie boîte emballée dans de la soie et recouverte de pétales de rose.

– Ce cadeau est pour vous, mes enfants. C’est un petit diable qui l’a apporté afin de se racheter de son péché. Il vient de se confesser et a avoué que c’est lui qui avait endormi le père Noël. Caché derrière un fauteuil, il a assisté à vos deux concerts, l’un classique et l’autre populaire. Il s’en est trouvé très ému, semble-t-il. Pris de remords, il a, de justesse, retiré du feu l’archet et le collier afin que vous puissiez continuer à faire de la musique classique. Il m’a même déclaré, en secret, bien sûr ! que votre musique est trop belle pour laisser une flamme la détruire.

Tout excités, Zing et Zang s’empressèrent de déballer le présent. Ils y trouvèrent une guitare électrique, un synthétiseur et deux paires de jeans !!!

– Bonne idée ! s’écria Dieu. Il est temps qu’on se modernise un peu, nous, les vieux du paradis !

Puis il éclata de son beau grand rire de bon Dieu. Derrière le nuage, on entendait chanter Minuit, Chrétiens par le brillant chœur des anges accompagné d’un violon merveilleux.

Source : Contes de Noël pour les petits et les grands, de Micheline Duff, Éditions Québec Amérique 2012. 


352e jour de l’année

Dimanche, 18 décembre 2022

On célèbre aujourd’hui…

LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES MIGRANTS

51e ANNIVERSAIRE DE MARIAGE DE PHILIPPE HUDON ET DIANE SAVARD – NOCES DE CAMÉLIA


À la douce mémoire de…

ALAIN BARRIÈRE 1935-2019, chanteur français à succès.

RENÉE MARTEL 1947-2021, chanteuse country québécoise.


Une année de plus sur le chemin de la vie pour…

Sylvain Nantel

Bon anniversaire !


On jase là…

Ainsi donc, Patrice Bélanger, animateur et comédien, ouvrira sous peu avec des partenaires, un studio d’entraînement aux Promenades St-Bruno, sur la Rive-Sud de Montréal. Ironiquement, afin d’encourager le déclin du français au Québec, ce studio s’appellera : OrangeTheory Fitness. Fallait y penser !


Pensée et citation du jour

On se plaint souvent du manque de temps, alors que c’est tout simplement l’envie de prendre le temps qui nous manque.

Pierre Péladeau


Ça s’est passé un 18 décembre…

(1865) Par la ratification du 13e amendement à la Constitution, l’esclavage est officiellement aboli aux États-Unis. Voté par le Congrès en début d’année, le 13ème amendement de la Constitution américaine entre en application. Il stipule que « Ni esclavage, ni aucune forme de servitude involontaire ne pourront exister aux États-Unis, ni en aucun lieu soumis à leur juridiction ». L’émancipation des Noirs, proclamée par Abraham Lincoln en 1863, est officialisée malgré l’assassinat du président au mois d’avril.

(1939) Historique du cercle Lacordaire de Mistassini : Le mouvement Lacordaire se développa surtout en Nouvelle-Angleterre, mais il ne tarda pas à passer les frontières canadiennes. Organisme catholique qui a pour principal objectif de promouvoir la sobriété, tant par la prévention de l’alcoolisme et l’éducation du public, que par l’aide aux buveurs excessifs. Le 18 décembre 1939, on créa, à Québec, une fédération distincte sous le nom de « Centre Canadien des Cercles Lacordaire et Ste-Jeanne d’Arc ».

C’est le 20 février 1944, que le curé Egide Boivin de la paroisse St-Michel de Mistassini donna l’autorisation de fonder un cercle Lacordaire. Ce mouvement érigea un monument funéraire en l’honneur de Charles Vézina de Dolbeau, fondateur du cercle Lacordaire. En 1955, l’Association Lacordaire et Sainte-Jeanne d’Arc du Canada comptera plus de 138 000 membres, dont 6 000 dans le diocèse de Montréal. L’Église jouera un rôle primordial dans le développement de cette association dont la devise est « Honneur, santé, bonheur ». Le Mouvement a été dissout en 1971.

(1968) Création du réseau des Universités du Québec. La Loi 88, adoptée le 14 décembre, permet de créer des Universités du Québec à Montréal, Trois-Rivières et Chicoutimi. Par après, s’ajouteront celles de Rimouski, Hull et Rouyn. Il s’agit d’un réseau d’universités publiques dont la naissance s’inscrit dans la vaste réforme des institutions d’enseignement en cours depuis le début de la Révolution tranquille.

Le 18 décembre l’Assemblée législative adopte la loi constituant les Universités du Québec. Plusieurs instituts se grefferont à ce réseau dont l’Institut Armand-Frappier, l’École nationale d’administration publique et l’Institut nationale de recherche scientifique. La Télé-Université est également liée à ce réseau. La création de ce réseau d’universités francophones, qui comprend l’Université du Québec à Montréal (UQAM), répond à une revendication de vieille date des milieux universitaires québécois.


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