Un pan de notre histoire : Voici comment la bataille de Vimy a servi à unir le Canada anglais (même si c’est loin de la réalité)

La Une

La bataille de Vimy a eu lieu il y a 106 ans cette semaine, du 9 au 12 avril 1917. Cette victoire de l’armée canadienne s’est faite au prix de 3600 morts et 7000 blessés. Après la guerre, la mémoire de cet engagement militaire a pris des proportions mythiques au Canada anglais. Voici pourquoi.

Au printemps 2017, les quatre divisions canadiennes attaquent la crête de Vimy. Toutes les offensives alliées précédentes ont échoué. Or, en quelques jours, les Canadiens réussissent.

Ce succès reflète d’abord l’excellente qualité des troupes canadiennes et la préparation de l’attaque, meilleure qu’auparavant. Mais il y a surtout le fait que les Allemands, contrairement à avant, décident d’opérer une retraite stratégique après le début de l’affrontement.

Cette victoire n’est pas décisive, mais fait du bien au moral des Alliés. Pour le Canada, ce combat est suivi à l’automne 1917 de la terrible bataille de Passchendaele, un échec sanglant, mais aussi de percutantes victoires en 1918.

UN CHOIX POLITIQUE

Après la guerre, Ottawa veut se démarquer de la Grande-Bretagne et cherche à créer une mémoire patriotique distincte. Voilà pourquoi Vimy est choisie comme fait d’armes par excellence. La colline qui surplombe la région constitue un site parfait pour construire un mausolée.

Les quatre divisions canadiennes ont combattu ensemble – même si ce n’était pas la première fois. Fait à noter, les militaires canadiens s’étaient opposés à ce choix. Cette bataille n’était pas significative à leurs yeux.

Pour des raisons politiques, toutefois, leur avis est ignoré et, en 1936, le mémorial de Vimy est inauguré en grande pompe par le roi Édouard VII. Ce monument consacre le mythe. Ce ne sont plus quatre divisions en armes qui ont gravi la fameuse crête, mais, de façon allégorique, toute la nation.

Le Canada a ainsi forgé son unité dans la bravoure, le sang et la gloire. Ce récit est depuis repris en boucle dans les médias, dans la littérature, par certains historiens et par des politiciens, par exemple l’ancien premier ministre Stephen Harper.

Évidemment, le Canada n’est pas le premier pays à exagérer ses exploits militaires. Mais rien n’est plus éloigné de la vérité que dire que Vimy nous a « unis ». À l’époque, le dominion est divisé comme il ne l’a jamais été. Au Canada anglais, les gens des villes accusent les fermiers d’être des profiteurs en raison du prix des denrées alimentaires.

Lors d’attroupements spontanés, des étrangers sont passés à tabac dans les rues, accusés de ne pas contribuer à l’effort de guerre. Ottawa interne certains immigrants originaires de pays ennemis.

Le pire toutefois, et de loin, c’est la situation des Canadiens français. À Vimy, 60 % des soldats de l’armée canadienne sont britanniques, ce qui diminue évidemment la dimension canadienne de la victoire. On compte par ailleurs très peu de francophones.

Depuis 1912, les écoles françaises sont fermées en Ontario. La province éradique de son territoire la langue et la culture de la minorité. Cela refroidit passablement le patriotisme des Canadiens français pendant la guerre. Ajoutons à cela que l’armée ne compte presque pas de régiments francophones. Très peu d’officiers parlent notre langue pour former les recrues canadiennes-françaises, dont la vaste majorité est unilingue. Il y a aussi peu de prêtres pour donner les derniers sacrements aux catholiques.

Tout au long du conflit, le gouvernement conservateur est incapable de corriger la situation. Cette incompétence d’étend à d’autres domaines. Des armes défectueuses sont fournies aux soldats. Leurs bottes ne résistent pas à la boue des tranchées. Des scandales de corruption éclaboussent le gouvernement du premier ministre Robert Borden, qui donne de juteux contrats aux amis du parti.

UN VOTE POUR LE KAISER

Tout indique que Borden sera battu aux élections par les libéraux de Wilfrid Laurier, lequel refuse de former un gouvernement de coalition en 1917 et force la tenue d’un scrutin. Mais Borden fait porter la campagne sur la conscription devant Laurier, qui la refuse.

Dès lors, il ne s’agit plus de battre l’Allemagne, il s’agit d’écraser la résistance à la conscription de l’infâme minorité canadienne-française. Un vote pour Laurier, c’est un vote pour le Kaiser !

Fort de cette approche, les conservateurs triomphent lors du scrutin de décembre, sauf au Québec, où ils subissent une raclée. Quelques mois plus tard, au printemps 1918, l’armée tue quatre civils lors d’émeutes anti-conscription à Québec.

La Grande Guerre a été une crise d’unité nationale sans précédent. Pour se forger une mémoire glorieuse avec Vimy, la majorité canadienne-anglaise a ignoré sciemment le sort qu’elle nous a fait subir.

Source : Frédéric Bastien, Historien et chroniqueur, Journal de Montréal, cahier Weekend, 8 avril 2023, p76


100e jour de l’année

Lundi, 10 avril 2023


On célèbre aujourd’hui…

LE LUNDI DE PÂQUES


Pensée et citation du jour

Une bonne confession vaut mieux qu’une mauvaise excuse.

Jean Hamon


Ça s’est passé un 10 avril…

(1912) Le plus gros paquebot du monde quitte Southampton pour entreprendre son premier voyage vers New York. Orgueil de la White Star, le Titanic déplace 68 000 tonnes et peut transporter 3 000 passagers et 860 membres d’équipage. Il était d’un modernisme et d’une sûreté à toute épreuve. Au quai de Southampton Il se démarque non seulement par son envergure exceptionnelle et ses équipements luxueux, mais aussi par ses nombreuses innovations techniques. Mesurant plus de 270 m de long et sa double coque, ce « palace de la mer », est insubmersible.

(1937) Une loi adoptée au Parlement créa la Ligne aérienne Trans-Canada, qui deviendra plus tard Air Canada, afin d’offrir un service public de transport aérien. La propriété des actions est donnée aux Chemins de fer nationaux du Canada (CN). Les activités prévues commencent le 1er septembre 1937 par l’inauguration des services passagers et postaux entre Vancouver (Colombie-Britannique) et Seattle (État de Washington). Les services passagers et postaux transcontinentaux débutent le 1er avril 1939.

(1956) Un an après que le Rocket, suspendu, eut promis à ses admirateurs de revenir pour « aider » l’équipe, il marque le but qui assure la Coupe Stanley au Canadien, à Montréal, le 10 avril 1956. Le Canadien conquerra cinq coupes d’affilée jusqu’à la fin de la carrière de Richard, en 1960.


Merci de votre fidélité, – Passez une excellente journée !

Vous en pensez quoi ?

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :