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Nous sommes en plein milieu de nos deux fêtes nationales dont, il faut bien se l’avouer, la composition des fêtards est on ne peut plus cosmopolite. Au fil des générations, le petit enfant aux cheveux bouclés et ses moutons est disparu. Le petit Saint-Jean Baptiste de mon enfance avec ses parades gigantesques a laissé la place aux spectacles sur scène qui a laissé aussi tomber les traditions pour faire place aux refrains internationaux.
On parle de fête nationale. Le peuple a changé, la diversité s’est amenée. Il est maintenant ouvert sur le monde et leurs cultures.
Au Canada, j’ai toujours vu l’événement comme un congé férié de plus. Ma graine de souverainiste fait que je ne me reconnais plus dans ce pays qui continue de nous en faire baver.
Dans son article paru dans le Journal de Montréal du 26 juin, Joseph Facal s’interrogeait sur ce qu’on a fait de ces fêtes maintenant. C’est le texte que je vous propose aujourd’hui.
QUI FÊTE QUOI ET POURQUOI ?
Une petite semaine sépare la fête nationale du Québec et la fête nationale du Canada. Regardons autour de nous, regardons pour vrai, et soyons honnêtes.
Ceux pour qui le 24 juin est important voient le 1er juillet comme une simple journée fériée.
RÉALITÉ
Je dis « simple journée fériée ». En fait, non, pas vraiment…
Ceux pour qui le 24 juin est important sont souvent agacés par ce 1er juillet qui célèbre un Canada qui se prétend l’avant-garde des bons sentiments postmodernes.
Ceux pour qui le 1er juillet est leur journée nationale voient les célébrations du 24 juin comme une survivance folklorique, une journée où la tribu locale se donne le droit de fêter ses penchants pour la nostalgie, le repli sur soi ou pire.
Hormis pour des nuances, montrez-moi que j’ai tort.
Pourtant, c’est la même population qui est invitée à fêter ces deux journées.
Vous aurez noté que je dis « population » et non peuple ou nation.
C’est justement parce que, bien que nous soyons les champions du monde pour nous raconter des histoires, il y a, chez une frange de notre population, un rejet hargneux de l’affirmation culturelle et politique du Québec.
Chaque année, les organisateurs du 24 juin font des pieds et des mains pour qu’il y ait des artistes de toutes les origines.
Ils font, ce n’est pas un reproche, les génuflexions requises devant l’idéologie officielle de la diversité.
Ils sont sans doute aussi sincères, mais si on a deux sous de lucidité, on voit bien que le 24 juin, c’est la bonne vieille Saint-Jean, mise au goût du jour, qui rassemble, pour l’essentiel, les Québécois de souche et leurs trop rares compagnons de route venus d’ailleurs.
C’est la journée de ceux qui disent : voici au moins une journée où nous dirons haut et fort que nous sommes encore ici chez nous.
Inversement, qui seront les plus fervents célébrants du 1er juillet ?
Ceux qui, souvent nés ailleurs, voient la Canada comme un phare moral, si ce n’était que ces francophones obtus, et qui, brandissent des pancartes en anglais, trouvent la laïcité raciste, la loi 101 raciste, Legault raciste, le PQ raciste et fascisant, et l’indépendance un crime contre l’humanité.
C’est la journée de ceux qui pensent que ces Québécois attardés et xénophobes sont irrécupérables ou devraient rejoindre la modernité au plus vite.
Ceux-là rejettent agressivement l’idée même qu’il puisse y avoir ici une nation autre que le buffet canadien.
Ceux-là fêteront aussi, souvent, la fête nationale… du pays qu’ils ont quitté.
ANORMAL
Deux fêtes « nationales » chacune sa mythologie, sa rhétorique, ses porte-étendards, son système de valeurs.
Vous tenterez d’expliquer cela, le 4 juillet, à un Américain.
Hormis l’indépendance, l’intégration est le plus grand échec du Québec moderne. Les deux sont indissolublement liées.
Notre condition est absurde depuis si longtemps que beaucoup finissent par la trouver normale.
Non, elle n’est pas normale.