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Les Français sont passés maîtres dans l’art de massacrer la langue française. Ils sont les rois des anglicismes à outrance dans leurs paroles et leur affichage. La langue de Molière n’a jamais été autant défigurée. Le berceau de la langue française agonise.
Et au Québec, le même phénomène s’accélère. À la radio, tous les jours, des animateurs se servent d’anglicismes aux quarts d’heure. Des mots et expressions simples en français qu’ils anglicisent sans oublier d’ajouter fièrement : « comme on dit en français ». Ça me met le feu au derrière.
Au cours d’un récent voyage en France, Sophie Durocher nous racontait comment nos cousins s’anglicisaient au point de ressembler à n’importe ville anglophone du monde. Malheureusement, c’est ce qui risque d’arriver au Québec à moyen terme… si nous n’y voyons pas très sérieusement.
Voici d’ailleurs son texte qu’elle publiait dans sa chronique du Journal de Montréal du 26 juillet dernier.
LE SPEAK WHITE DES FRANÇAIS
Depuis que je suis arrivée à Paris, je suis découragée. L’anglais est partout ! Je n’étais pas venue en France depuis l’été 2019, pandémie oblige, et en deux ans, la situation du Français, loin de s’améliorer, a empiré.
Alors que vient de mourir Michèle Lalonde, l’auteur de Speak White, j’ai l’impression que les Français ont bien besoin qu’un de leurs artistes leur serve une œuvre coup de poing pour les réveiller !
Allo, les cousins, vous vous laissez écrabouiller par le rouleau compresseur de l’anglais !
PARLEZ-VOUS FRANGLAIS ?
Partout, les restaurants et les commerces annoncent qu’on peut commander en ligne et venir chercher sur place. Comment s’appelle cette pratique en France ? « Click and collect ».
Vous aimez les jeux d’évasion ? Allez à « The Game » ou « You’ve got sixty minutes ». Au centre des sciences de La Villette, la section pour enfants s’appelle « Little Villette », et les ateliers de bricolage sont des « Ateliers maker ».
Une publicité pour les paris de sport de la Française des jeux (l’équivalent de Loto-Québec) proclame : « Bet de jeux ».
Les restos affichent « Street Food », « Juice Lab », « Take Away », « Fish Brasserie », « Feel Healthy, Feel Good, Feel Beautiful, ou Feel Green », « Organic Coffee », « Natural Food ». « Eat-in Take out », « Greek Street Food ».
Devant un magasin de lunettes, je vois ce slogan : « You are hotter than July ». Une pâtisserie propose des gâteaux sur mesure « Cake Customize ». Et la meilleure, un caviste très franco-français qui s’appelle « Le Wine Shop ».
Même les institutions nationales s’y mettent. La poste annonce ses « Solutions Business ». Sur les vélos électriques, le slogan « Take the reins ». J’ai même vu dans un restaurant de poisson sympa le slogan « Huguette, the place where drinking champagne is cooler & cheaper ».
Il y a des tas de choses que j’adore de la France, au point de vue culturel.
1- Le fait que partout en ville des plaques commémoratives sur les murs nous rappellent que « Molière est mort ici », « Malher a vécu ici », « Cet hôtel accueillit Erik Satie, Louis Aragon, Rainer Maria Rilke », « Chopin a composé ici », « Camille Claudel a sculpté ici » et même, à côté de mon hôtel, une plaque rappelle que Félix Leclerc y a vécu à son arrivée à Paris.
2- Le fait que les films en langue étrangère sont présentés avec des sous-titres au lieu d’être doublés.
3- Le fait que n’importe quel jour de l’année, on peut voir sur grand écran des films de répertoire. Tenez, ce soir, à Paris j’ai le choix entre La mort aux trousses de Hitchcock, Les Moissons du ciel de Terrence Malick, ou L’avventura d’Antonioni, ou une rétrospective Rossellini…
Bref, il y a tout un tas d’idées dont le Québec pourrait s’inspirer. Mais pour ce qui est de l’anglais, ce sont vraiment les Français qui devraient s’inspirer de nous.
Je suis allée voir l’extraordinaire exposition consacrée à Napoléon à La Villette. On y décrit entre autres comment la France a combattu les Anglais. Pauvre Napoléon.
Avec ce « tout à l’anglais », cette prolifération « english » partout et tout le temps, il frappe son Waterloo.
EN FRANÇAIS, S’IL-VOUS-PLAIT
Par contre, une seule chose me rassure.
Même si l’anglais est omniprésent, jamais, à aucun moment, dans aucun musée, dans aucun commerce, dans cette ville éminemment touristique, personne ne m’a accueillie avec un « Bonjour Hi ».
Désolant, en effet!
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